Le Premier ministre israélien a condamné l'attaque de drones des milices houthies lundi à Abu Dhabi. Cette première attaque sur le territoire des Emirats arabes unis depuis le début de la guerre civile au Yémen en 2015, où les Emirats sont engagés aux côtés de l'Arabie Saoudite, est une étape supplémentaire dans l'escalade entre les Etats du Golfe et l'Iran, qui s'y opposent indirectement. Et cette nouvelle phase a de quoi préoccuper Israël. D'abord parce qu'elle a visé son nouvel allié dans la région. Depuis l'accord de paix signé en 2020, Israël a considérablement développé ses relations avec les Emirats arabes unis, sur le plan économique, mais aussi stratégique. Les deux pays ont ainsi passé il y a quelques mois un accord de coopération pour le développement de systèmes de défense anti-drones. Une arme, comme on l'a vu, très prisée par l'Iran et les milices qu'elle contrôle dans la région et au particulier au Yémen. Le mois dernier, Naftali Bennett avait effectué sa première visite officielle à Abu Dhabi, donnant une nouvelle marque de réchauffement entre les deux pays. En octobre, c'était le commandant de l'armée de l'air émirati qui était l'hôte de Tsahal lors des manœuvres aériennes internationales, qui s'étaient déroulées en Israël.
Et mardi, dans une lettre adressée au prince héritier Mohammed Bin Zayed, le chef du gouvernement israélien a donc exprimé sa condamnation de l'attaque, mais surtout il a réaffirmé l'engagement d'Israël aux côtés des Emirats dans la lutte permanente contre les forces extrémistes à l'œuvre dans la région. "Nous sommes prêts à vous offrir notre soutien dans les domaines de la sécurité et du renseignement pour vous aider à protéger vos citoyens contre d'autres attaques de ce type" a indiqué Naftali Bennett dans son message. Bien sûr, le Premier ministre israélien n'a pas précisé quel type d'aide il était disposé à fournir, pas plus que le prince émirati n'a demandé officiellement l'assistance d'Israël. Mais le message était suffisant pour être entendu aussi et surtout à Téhéran.
Les responsables de la défense israélienne sont non seulement conscients des risques d'escalade régionale que peut entrainer cette attaque de drones suicide sur Abu Dhabi, mais aussi de ce qu'elles disent des capacités opérationnelles de l'Iran. En dotant les milices houthies au Yémen de ces armements, qu'elles ont déjà utilisés, ainsi que des missiles contre de nombreux objectifs en Arabie Saoudite, l'Iran fait aussi du Yémen une base d'essai de ses armes dans un futur conflit contre Israël. Car les Houthis au Yémen, comme le Hezbollah au Liban et en Syrie, sont le bras armé de la force Quds des Gardes de la Révolution, qui opèrent par milices supplétives interposées.
Si Israël n'a pas de relations avec l'Arabie Saoudite, les deux pays ont pourtant développé une certaine coopération sécuritaire depuis plusieurs années, que ce soit directement ou par l'intermédiaire de l'Egypte, qui est devenu le garde-côtes des Saoudiens en mer Rouge. Il se pourrait que cette frappe aux Emirats perpétrée par les Houthis yéménites soit l'occasion d'un rapprochement régional supplémentaire entre les pays qui ont en commun l'ennemi iranien.
Pascale Zonszain
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.