Une commission d'enquête d'Etat pour les sous-marins de Tsahal

Israël.

Une commission d'enquête d'Etat pour les sous-marins de Tsahal
(Crédit : HDW)

C'est une nouvelle étape dans l'affaire qui depuis cinq ans secoue périodiquement la classe politique et le débat public en Israël. Le gouvernement a donc approuvé dimanche la constitution d'une commission d'enquête d'Etat qui sera chargée de déterminer dans quelles conditions ont été réalisées deux transactions avec le constructeur allemand ThyssenKrupp, la première pour l'achat de trois sous-marins d'une valeur totale de 3 milliards d'euros, et la seconde pour l'achat de frégates lance-missiles destinées à la protection des plateformes gazières en Méditerranée. Il faut rappeler que ces deux contrats ont déjà débouché sur sept inculpations contre d'anciens officiers supérieurs de Tsahal, des fonctionnaires, des hommes d'affaires, dont l'ancien agent de ThyssenKrupp en Israël, accusé d'avoir versé des pots-de-vin. Mais il faut rappeler que dans ce dossier, baptisé dossier 3000, le procureur général n'avait retenu aucune charge contre l'ancien Premier ministre israélien.

C'était Benyamin Netanyahou, dès son élection en 2009, qui avait fixé parmi les priorités de son gouvernement, l'acquisition de nouveaux sous-marins, pour la sécurité d'Israël. Seulement voilà, tous les responsables de la défense israélienne n'étaient pas convaincus de la nécessité de faire passer de six à neuf la flotte sous-marine de Tsahal. Mais surtout, les conditions dans lesquelles s'étaient conclues les commandes avec ThyssenKrupp ont commencé à faire tiquer un certain nombre de proches du dossier, et en premier lieu Moshe Yaalon qui avait été ministre de la Défense entre 2013 et 2016. Pourquoi le vice-conseiller à la sécurité nationale a-t-il poussé à la nomination d'un de ses amis comme représentant du constructeur allemand ? A quel point a-t-il favorisé ThyssenKrupp, alors que d'autres constructeurs étaient sur les rangs ? Les sept inculpés sont accusés d'avoir reçu des dessous de table pour un montant total de plus de dix millions d'euros.

L'affaire parait donc comporter des ramifications qui remontent à un haut niveau. Et même si les négociations semblaient se dérouler sur deux plans indépendants, celui d'un réseau souterrain, qui a donc débouché sur des mises en examen, et celui d'un réseau officiel, où militaires et agents de l'Etat semblent avoir agi de bonne foi, ce double système soulève de nombreuses questions, qui ont interpellé le public et les médias israéliens. C'est d'abord l'ancien ministre israélien de la Défense Moshe Yaalon qui avait tiré la sonnette d'alarme en réclamant l'ouverture d'une enquête. Ensuite, l'affaire avait déclenché un mouvement public de manifestations, d'abord de la part de quelques individus, pour grossir au fil des mois en mouvement national, qui réclamait à la fois une enquête indépendante et la démission de Benyamin Netanyahou.

Et l'affaire ne s'est pas apaisée avec l'inculpation de plusieurs acteurs de la transaction. Même après le départ de Benyamin Netanyahou et la formation de l'actuel gouvernement de coalition, ce sont plusieurs partis de la majorité qui ont continué à soutenir la formation d'une commission d'enquête d'Etat, dont l'actuel ministre de la Défense Benny Gantz, le ministre de la Justice Gideon Saar et le ministre des Affaires étrangères et Premier ministre suppléant Yaïr Lapid. Seule la ministre de la Justice Ayelet Shaked a voté contre, tandis que Naftali Bennett a choisi de s'abstenir. Alors que le chef du gouvernement israélien vient de valider le remplacement de trois sous-marins auprès de ThyssenKrupp, il préfère apparemment rester neutre.

Pascale Zonszain

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