En Israël comme partout, le 1er février est souvent la date de nouveaux tarifs. Depuis hier, la facture d'électricité des Israéliens a augmenté de 7%, la plus forte hausse en neuf ans. Le litre d'essence à la pompe a augmenté de 10 centimes d'euros, soit plus de 5%. Et l'alimentation poursuit sa hausse, qu'il s'agisse des fruits et légumes, des boissons ou des pâtes. Et les grands groupes agroalimentaires israéliens, importateurs et producteurs ont revu leurs prix à la hausse de 3 à 12% selon les produits. A titre indicatif, en 2021, l'inflation en Israël a progressé de 2,8% et les prix de l'alimentation de 3,5%.
Ces hausses, généralement progressives, s'accumulent et commencent à peser sur le portefeuille des Israéliens. Ils ne sont pas les seuls dans ce cas, et le ministre israélien des Finances Avigdor Liberman assurait même il y a quelques jours que la hausse du coût de la vie en Israël restait relativement modérée, comparé à d'autres pays de l'OCDE. Ce qui n'a pas empêché le ministre des Finances et sa collègue de l'Economie, Orna Barbivaï, d'adresser une requête aux groupes agroalimentaires israéliens pour leur demander de ne pas augmenter leurs prix. La réponse a été plutôt mitigée. Le groupe Strauss a répondu que le gouvernement devrait prendre sa part, autrement dit envisager une baisse des taxes. Osem, qui est aujourd'hui une filiale du géant Nestlé a assuré qu'il avait fait preuve de retenue, mais qu'il ne pouvait plus absorber la hausse générale sans la répercuter sur les consommateurs. Sauf que, précisément, les prix pratiqués par Nestlé sur les marchés européens, sont souvent inférieurs à ceux de sa filiale israélienne.
Il faut dire qu'en Israël, la concurrence reste encore assez limitée, même si l'économie s'est libéralisée depuis les années 90. Un petit nombre de sociétés se partagent le marché de l'alimentation, à la fois sur la production locale et sur l'importation. Et leurs pratiques manquent souvent de transparence. Le gouvernement a un rôle à jouer, en contraignant ces sociétés à respecter la concurrence et à limiter la concentration. Ce qui serait réalisable en donnant plus de moyens à l'Autorité de la Concurrence, qui dépend du ministère de l'Economie.
En ce qui concerne le prix du carburant, il faut savoir qu'en Israël, 60% de son montant sont des taxes perçues par l'Etat. Il y a déjà eu, par le passé, des hausses importantes du prix du pétrole sur le marché mondial, qui avaient conduit l'Etat à renoncer à une partie de ses taxes, pour atténuer la hausse.
Les outils existent donc, pour juguler cette hausse du coût de la vie. S'il est vrai que le monde entier subit actuellement une hausse des matières premières, il y a aussi le fait qu'en Israël, le gouvernement, focalisé sur la crise sanitaire, a laissé la bride sur le cou aux acteurs économiques, ou en tout cas ne s'est pas assez impliqué dans le dossier. Or, pour les Israéliens, le coût de la vie vient au premier rang de leurs préoccupations, devant la sécurité et la crise sanitaire. Les deux leaders de la coalition actuelle, Naftali Bennett et Yaïr Lapid, sont entrés en politique à cause de la grande contestation sociale de 2011 contre le coût de la vie. Ils pourraient maintenant s'en souvenir.
Pascale Zonszain
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