Attar l’accusé qui a réponse à tout Partie 1, la chronique judiciaire de Michel Zerbib

France.

Attar l’accusé qui a réponse à tout Partie 1, la chronique judiciaire de Michel Zerbib
(Crédit : Twitter)

Yassine Atar est notamment soupçonné d’avoir détenu une clé de la planque de Bruxelles où Salah Abdeslam s’est caché après les attaques. Il est aussi le frère d’Oussama Atar, le commanditaire présumé des attentats du 13 novembre 2015. Lui aussi accusé, il n’a jamais été interpellé et aurait été tué lors d’une frappe aérienne en Syrie, en 2017. Il est aussi cousin de Khalid et Ibrahim El Bakraoui, les deux frères kamikazes des attentats de Bruxelles, le 22 mars 2016. Dans le jargon de l’antiterrorisme, on évoque d’une généalogie conspirative.

Yassine Atar était notamment entendu sur les 34.000 textos échangés avec ses proches, dont certains semblent signer sa radicalisation. D’emblée il "clame son innocence" et affirme qu’il a «à cœur de s’expliquer». Hableur, bavard impénitent , il sourit qu’on l’ait traité de «pipelette».

Les enquêteurs ont eu via son portable Galaxy un stock peu banal de données à dépouiller: 34.000 SMS et 151 supports numériques garnis de différents éléments visuels ou sonores. Le président Periès a résumé des textos, qui donnent à penser qu’ils proviennent d’un musulman radicalisé: "Belgique de merde", la difficulté de vivre parmi des koufar (mécréants) qui fêtent le Nouvel An, colère de découvrir que son épouse va être accouchée par un homme, avec péridurale qui plus est, qu’elle se rend dans une piscine municipale, que sa sœur sort sans voile, pour sa présentation à la famille de son mari . Ca dessine un certain portrait de l’individu qui parle bien le français et veut se défendre "pied à pied".

Voilà qu’il soutient qu’on a sorti de leur contexte quelques messages sur 35000.

Pour la naissance de son fils il voulait seulement qu’elle soit confiée à un médecin de sexe féminin plus compétent que son confrère masculin. L’affaire de la piscine? «Ma femme était très taquin (sic). Elle m’annonce qu’elle va dans cette piscine qui avait été condamnée parce que des connards y avaient planqué des caméras» pudeur de mari …

Violent Attar ? «J’étais amoureux fou, je n’ai jamais été violent avec elle, j’exècre les hommes qui le sont. Nous avions une relation passionnelle, ma femme était très, très heureuse» Quid de sa petite sœur, qui sort sans voile? «C’est culturel, rien à voir avec les islamistes.» Le 14 novembre 2015, lendemain des tueries, Yassine Atar à un ami: «Je m’ennuie, il n’y a rien à faire dans cette Belgique de m…»? Réponse illico: "Le 14 novembre, moi je m’ennuyais, mais les véritables protagonistes de ce dossier, certainement pas."

Attar marque des points, il semble que ce qu’on lui reproche n’est pas si rédhibitoire mais ce n’est que mon impression.

La cour évoque la clé USB contenant des chants djihadistes (anasheeds) qu’il aura trouvée dans une voiture, mais n’écoutait pas, et les messages tendancieux compilés sur son compte Facebook dont il ne connaît pas les expéditeurs, «amis d’amis d’amis. Dans mes contacts il y avait même Jamel Debbouze!»

Le président lit à présent la déposition d’un véritable ami résidant au Maroc (comme d’autres témoins qui se font porter pâles), Zoubaïr , avec lequel M. Atar s’est fâché. Selon lui, l’accusé aurait changé d’attitude en 2013, l’année de ses noces. Auparavant fêtard, il était devenu "chiant, rabat-joie".

«J’étais en pleins préparatifs de mariage, j’avais autre chose à faire que d’aller dans des soirées avec lui», explique Atar. Et c’est vrai, il s’est marié en 2013. Mais fin 2012, Oussama Attar était revenu de Syrie. L’accusé assure que son frère, apologue du djihad, ne l’a pas convaincu de rejoindre la cause lors de ce séjour de quelques mois.

Attar n’a pas remarqué non plus que les frères El Bakraoui s’étaient radicalisés en prison. Malin, il note que «l’antiterrorisme belge, qui les a surveillés pendant des mois», n’a rien remarqué non plus.

La cour insiste et lui rappelle que lors de la détention de Khalid El Bakraoui pour des faits de droit commun (2009-2013), son cousin Yassine est venu le visiter 160 fois. À de multiples reprises, en 2012-2013, il était accompagné d’Oussama Atar, cador de Daech en passe de regagner la zone de combats.

Une assesseure demande «Quels étaient vos sujets de conversation, au parloir?»

Yassine Atar: "Des sujets banaux (sic). Ils n’auraient pas parlé de l’État islamique devant moi, ils savaient que j’étais contre." Ben voyons comme dirait l’autre …

https://youtu.be/b-2IqKX1LNY

Michel Zerbib

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