Tandis qu’en France la campagne présidentielle occupe l’essentiel de l’actualité, une situation de guerre menace de dégénérer dans une région que la géographie situe en Europe et que la politique place entre Moscou et Washington. En dépit des efforts méritoires de l’actuel président de l’Union Européenne, qui est aussi le président de la République française, l’issue de cette crise européenne ne dépend ni de Bruxelles, ni de Paris, ni de Berlin, ni même de Kiev.
Le réalisme politique nous impose de soutenir l’Ukraine, moins parce qu’elle a adopté un système politique démocratique quand la Russie a retrouvé un chef autoritaire et brutal, que pour stopper les visées impériales russes. L’Ukraine et l’Europe, ne sont pas les seuls enjeux, quand la Russie assure avec l’Iran le rétablissement de la puissance militaire de la Syrie, et s’impose en Afrique, en appuyant les généraux putschiste en armant une bien étrange force militaire privée.
Le réalisme, en politique, prime sur les sentiments qui ne m’incitent guère à choisir entre une nation ukrainienne dont les trois héros historiques, statufiés partout, Bogdan Khmielnicki, Simon Petlioura et Stepan Bandera, furent des massacreurs de juifs, et la Russie, où Poutine entend restaurer tout à la fois la splendeur des Tsar et la puissance de Staline, qui n’ont pas laissé de très bons souvenirs aux juifs…
Cependant la vertueuse défense de l’Ukraine par l’Union Européenne et la France a le mérite d’être fondée sur une lecture du droit international rigoureusement inverse de celle qui permet aux Nations Unis de condamner régulièrement Israël.
Il s’agit de défendre les frontières reconnues de l’Ukraine. C’est pourquoi la communauté internationale ne saurait reconnaître l’annexion de la Crimée, province conquise par la Russie sur la Turquie, et que Nikita Khrouchtchev rattacha en 1954 à la République socialiste soviétique d’Ukraine, dont il était lui-même originaire.
Majoritairement peuplée de Russes, la Crimée est une monnaie d’échange, la reconnaissance de facto de son annexion peut permettre d’éviter une invasion massive du Donbass.
En revanche, la mise en valeur du Golan sera toujours une violation du droit international. Pour respecter le droit international, Israël aurait dû rendre le Golan à la Syrie, pour que sa population druze ait sa part de guerre civile, d’exactions de Daesh et de bombardements de l’aviation syrienne. De quel droit Israël ose préserver le Golan d’une guerre qui laisse 500 000 morts, des milliers d’enfants estropiés et des millions de sans-abris ? C’est contraire au droit international !
Le droit international, rappelé par l’ONU, établi qu’au-delà de la ligne de cessez-le-feu de 1948, il est interdit d’utiliser les appellations juives pour nommer Jérusalem et le Mont du Temple.
Mais la ville Ukrainienne de Lviv, son boulevard Khmielnicki, sa statue de Stepan bandera, a été classée au patrimoine de l’humanité.
En fait la ville de Lwow, fut fondée par un prince polonais qui avait le lion dans ses armoiries. Elle devint Lemberg, dans l’empire austro-hongrois. On y trouve bien quelques éléments de patrimoine universel… La grande promenade centrale, de plus pur style autrichien, les églises et la cathédrale, typiquement polonaises. La coupole, ornée d’étoiles de David, de l’ancien hôpital juif… L’Université, avec ses anciens bâtiments autrichiens, complétés par des construction soviétiques… Le patrimoine de l’humanité a été quelque peu amputé à Lviv, car il y avait, à Lemberg, plus de quarante synagogues dont trois ont été préservées… Il reste le camp et les fosses où 70 000 juifs furent exterminés, mais leur souvenir importe moins que celui de leurs assassins, glorifiés en tant que héros de la sinistre armée nationale ukrainienne et de la division SS Galicia.
Mais Lviv est ukrainienne et Jérusalem ne saurait être reconnue comme capitale de l’Etat d’Israël…
La Galicie et la Bucovine ne sont pas des territoires occupés. Les Polonais et les Roumains expulsés en 48 heures par l’armée soviétique, étaient dix fois plus nombreux que les Palestiniens qui quittèrent Israël en 1948…
Mais les frontières de l’Ukraine sont sacrées c’est une question de droit international !
Alors, bien sûr, il faut préserver l’Ukraine d’une agression russe, en espérant que le peuple ukrainien cesse de profaner les cimetières et les ruines des synagogues. Mais le réalisme politique n’a rien à voir avec les sentiments, ni avec ce que l’on appelle le droit international, qui varie selon les régions…
Guy Konopnicki
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