Evyatar, l'implantation qui agite la coalition Bennett-Lapid

Israël.

Evyatar, l'implantation qui agite la coalition Bennett-Lapid
(Crédit : Twitter)

Le point de peuplement d'Evyatar était un des premiers dossiers que Naftali Bennett avait trouvé sur son bureau en prenant la tête du gouvernement israélien en juin dernier. Et voilà que le casse-tête revient pour ébranler sa coalition. Petit rappel des faits : il y a sept mois, le ministre de la Défense Benny Gantz avait décidé de ne pas ordonner l'expulsion du point de peuplement sauvage installé dans le nord de la Samarie, mais d'obtenir l'accord de ses habitants de l'évacuer pacifiquement, en échange d'une légalisation ultérieure. On était à ce moment-là quelques semaines à peine après l'opération Gardien des Murailles et les onze jours de confrontation avec le Hamas. Et c'était justement au début du mois de mai qu'un jeune étudiant de yéchiva avait été tué dans une fusillade terroriste au carrefour Tapuah, tout près de l'implantation. Et en réaction, le Conseil des Implantations de Judée Samarie avait décidé de réinvestir le site, édifié après un premier attentat au même endroit en 2013, et qui avait coûté la vie à Evyatar Borowsky, d'où le nom d'Evyatar, choisi pour le point de peuplement.

Le ministre de la Défense Benny Gantz avait donc désamorcé la crise en promettant d'étudier les conditions dans lesquelles le point de peuplement pourrait être légalisé. Une mission dévolue au Conseiller Juridique du gouvernement, Avichaï Mandelblit, qui a rendu son avis juste avant de terminer son mandat, le 1er février. Et sa réponse a été qu'il ne voyait pas d'obstacle légal à faire avancer le projet. Ce qui veut dire que la balle vient de revenir dans le camp du ministre de la Défense, qui a la responsabilité de tout ce qui concerne les implantations de Judée Samarie. Et il devrait donc autoriser la deuxième phase de son plan : vérifier si le site d'Evyatar est bien sur une terre dite d'Etat, et non pas sur une propriété privée palestinienne, puis autoriser la mise en place d'une yéchiva, avant l'autorisation d'un peuplement civil permanent.

Et c'est là que les choses se compliquent. Car tout ce qui touche au peuplement et à la construction des implantations de Judée Samarie est depuis longtemps un enjeu diplomatique international. C'est ce que Yaïr Lapid a sèchement rappelé à Naftali Bennett. Le ministre des Affaires étrangères et leader du parti centriste Yesh Atid a aussi rappelé qu'il était le Premier ministre suppléant du gouvernement de rotation et cosignataire des accords de coalition, et qu'il avait son mot à dire. Yaïr Lapid craint une réaction américaine, d'autant que le Département d'Etat l'avait déjà mis en garde contre toute mesure de légalisation d'Evyatar. Même si l'administration Biden n'a pas formellement annulé la position de l'administration Trump sur "le statut non contraire au droit international des implantations", le président démocrate  considère comme un "obstacle à la paix" toute décision unilatérale, et en particulier la création d'une nouvelle implantation.

Et c'est sans compter l'hostilité de l'aile gauche de la coalition israélienne. Les partis Travailliste et Meretz ont dénoncé ce qu'ils considèrent comme une violation des accords de coalition, un risque d'atteinte aux relations stratégiques avec les Etats-Unis et pour le Meretz "une récompense à la terreur". Naftali Bennett va devoir naviguer entre son aile droite, favorable à la légalisation d'Evyatar et son aile gauche qui ne veut pas en entendre parler. Encore des turbulences en vue pour la coalition israélienne.

Pascale Zonszain

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