Sur la neige artificielle des montagnes chinoises, les Français collectionnent les médailles. Dans ces conditions, il devient inconvenant de dire que le gouvernement chinois mène une politique génocidaire, dont l’objectif est de faire disparaître les Ouïghours, l’un des plus anciens peuples de la Chine, converti à l’islam au XIVème siècle. Les Jeux Olympiques et par extension, toutes les compétitions sportives internationales sont intouchables. Et puis nous avons tant besoin de la Chine, et de son parti communiste, devenu contremaître du capitalisme mondial.
La répression qui frappe les musulmans de Chine est donc une affaire de politique intérieure et toute condamnation sera considérée comme une violation de la souveraineté de Pékin. On ne va toute de même pas embêter la Chine pour douze millions de Ouïghours, une poussière dans un pays, moins de 1% de la population totale.
Et qui connaît le Xinjiang ?
Aucune des organisations qui, en France, se réclament de la défense des musulmans ne se préoccupe du sort des Ouïghours du Xinjiang. A l’Assemblée nationale, les députés de la France Insoumise et du PCF ont refusé de voter une résolution dénonçant le génocide des Ouïghours. Farceur, Jean-Luc Mélenchon, a justifié cette attitude en déclarant : « s’il y a un génocide, on intervient pour l’arrêter ». Comme si la France était en mesure partir en guerre contre la Chine.
En vérité, les massacres de musulmans n’intéressent personne. Ni ceux du Yemen, où chiites et sunnites s’entretuent, comme hier au Liban, ni ceux de Syrie et d’Irak, 500 000 morts, ce n’est rien.
Et tout le monde se contrefout des Africains pris entre les feux croisés de trois formations terroristes islamistes. Et qui parle des camps de réfugiés Rohingas, qui ont fui la Birmanie pour le Bangladesh ? Il n’y avait pas, non plus, de manifestations dans les banlieues, quand les Groupes islamistes armés massacraient des dizaines de milliers d’Algériens.
Dans les cinquante dernières années, en Asie, au Proche-Orient et en Afrique, les guerres opposant des pays musulmans à d’autres pays musulmans et les guerres civiles entre factions se réclamant de l’islam ont fait des dizaines de millions de morts. Ces guerres et la misère qu’elles provoquent sont à l’origine du déracinement des populations, qui tentent par tous les moyens, au péril de leur vie, d’entrer en Europe.
Pour l’ONU, pour Amnesty international et pour diverses organisations de gauche et d’extrême-gauche, les musulmans ne sont victimes que dans l’État d’Israël, où ils disposent de la liberté de culte et d’expression politique ainsi que du droit de vote qui leur permet d’envoyer des députés à la Knesset et même d’être représentés au gouvernement. Certes, la situation de guerre qui perdure oblige une partie des Palestiniens à vivre de l’aide internationale. Ceux de Gaza n’ont même pas le droit de balancer des roquettes et de creuser des tunnels pour envoyer des tueurs sans subir les représailles de Tsahal.
Les millions de Syriens et d’Irakiens sans abri aimeraient bien recevoir autant d’aides que les habitants de Gaza, mais, pour ça, il faut descendre des exilés de 1948, qui était dix fois moins nombreux que les réfugiés des guerres de Syrie et d’Irak.
Vu de France, les guerres et les désordres du monde islamique sont invisibles. Étrangement, d’ici on ne voit qu’un point minuscule sur la carte, l’État d’Israël.
Ici, les uns de connaissent que l’Apartheid supposé d’Israël, qui est tout aussi imaginaire que la persécution de l’islam par la laïcité de la République Française. Les autres engrangent les suffrages, en agitant le spectre d’une conquête musulmane, quand le monde islamique est ravagé par les guerres fratricides, alors même que sa principale source de richesse, le pétrole, vit ses dernières années.
Mais en période électorale, la France est affectée d’une hypertrophie du nombril qui nuit gravement à sa santé mentale.
Cette pathologie saisonnière n’a pas encore atteint son pic, elle commencera sa décrue fin avril.
Guy Konopnicki
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