L'opération combinée de Tsahal, du Shin Beth et de l'unité antiterroriste des gardes-frontières, hier à Naplouse, avait pour objectif d'appréhender un commando, recherché depuis plusieurs semaines pour quatre fusillades contre des cibles civiles et militaires israéliennes en Samarie et qui s'apprêtaient à perpétrer une nouvelle attaque. Quand les trois terroristes ont vu le filet se resserrer sur eux, ils ont ouvert le feu sur le détachement israélien qui les a abattus, avant de ressortir de Naplouse sans dommage.
Les forces de sécurité israéliennes sont en permanence sur le qui-vive, alors que les attaques terroristes se sont multipliées au cours des derniers mois. A l'automne, c'est un important réseau du Hamas et du Jihad islamique qui avait ainsi pu être démantelé et leurs armes saisies. On sait que le Hamas, depuis Gaza et aussi par l'intermédiaire de sa direction en exil, tente de reconstituer son infrastructure terroriste en Judée Samarie. Mais ce qui est différent dans l'épisode d'hier, c'est que les trois membres du commando terroriste abattus, appartenaient aux brigades des martyrs d'Al Aqsa, autrement dit la branche armée du Fatah, le parti de Mahmoud Abbas et de Yasser Arafat. Cette organisation avait largement participé aux attentats terroristes de la seconde intifada au début des années 2000, avec le soutien et aux ordres d'Arafat, alors à la tête de l'Autorité Palestinienne.
Depuis que Mahmoud Abbas lui a succédé à la tête de l'Autonomie, les brigades Al Aqsa se sont progressivement fait oublier, le successeur d'Arafat ayant préféré abandonner le conflit sur le terrain pour se concentrer sur le front diplomatique. Son hostilité à Israël s'est déplacée sur la scène internationale, notamment à l'Onu et ses agences et devant le Tribunal Pénal International. Mais dans le même temps, Mahmoud Abbas a poursuivi la coordination sécuritaire avec Israël, permettant ainsi d'enrayer de nombreuses attaques terroristes. Ce qui servait aussi les intérêts du président palestinien, puisque ces actions émanaient principalement du Hamas, son premier rival politique, qu'il empêchait ainsi de reprendre pied en Cisjordanie.
Mais le régime du chef de l'Autonomie, âgé de 86 ans, donne de plus en plus de signes d'érosion. La population palestinienne de Cisjordanie le considère comme corrompu et cette défiance se traduit par un considérable affaiblissement politique. Les services de sécurité de l'Autorité Palestinienne sont de plus en plus dépassés sur le terrain. On l'a vu à Djénine, et plus récemment à Hébron, où la police palestinienne reste totalement impuissante à réprimer des affrontements entre clans, et où des échanges de tirs ont fait plusieurs blessés au cours du weekend.
Sur le plan politique, Mahmoud Abbas est même contesté au sein de l'OLP, où il vient de désigner deux de ses proches à des postes clés du comité central, dont Hussein al Sheikh, devenu son premier conseiller diplomatique. Le leader du Fatah contrôle de moins en moins ce qui se passe sur le terrain et à l'intérieur de sa propre organisation. Le fait que la branche armée du Fatah reprenne l'action terroriste contre Israël, même à un niveau local, est un signe de plus de l'affaiblissement du chef de l'Autorité Palestinienne.
Pascale Zonszain
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