Cela a fait trente ans le 16 février, que Hassan Nasrallah a pris la tête du Hezbollah. En Israël, on ne lui a pas souhaité bon anniversaire. Et probablement pas au Liban non plus. Depuis trois décennies, le secrétaire général du mouvement chiite libanais a étendu son emprise sur le Liban, dont il a fait une base avancée de l'Iran à la frontière nord d'Israël. Au sud du Liban, le Hezbollah a progressivement remplacé les organisations palestiniennes qui attaquaient Israël depuis les années 70. Né avec la première guerre du Liban de 1982, le Hezbollah est devenu le principal adversaire d'Israël, d'abord durant les 18 années de guérilla au sud Liban jusqu'au retrait de Tsahal au printemps 2000, puis lors de la 2e guerre du Liban de l'été 2006 et les bombardements qui ont frappé la moitié nord du pays. Depuis, Hassan Nasrallah n'est plus sorti du bunker où il a trouvé refuge sous son QG du sud de Beyrouth, sans que cela l'empêche de commander son organisation au Liban et au-delà.
Si le front libanais est resté relativement calme depuis 2006, cela n'a pas entamé la puissance militaire du Hezbollah, qui a même repris des forces avec la guerre civile en Syrie. Nasrallah s'enorgueillit d'une armée de 100.000 hommes, sans compter son pouvoir politique dans les institutions libanaises. Le Hezbollah, on s'en souvient est la seule milice qui ait eu le droit de conserver ses armes à la fin de la guerre civile libanaise. Mais l'armée et l'arsenal du Hezbollah sont d'abord dirigés contre Israël. Avec plus de 100.000 roquettes et missiles, l'organisation chiite dispose de la puissance de feu la plus importante de la région, supérieure à celles de nombreuses armées régulières.
Pour Israël, il ne fait aucun doute que Hassan Nasrallah prend ses ordres de Téhéran, comme le confirme notamment le rôle joué par le Hezbollah en Syrie. C'est le Hezbollah qui a participé aux combats aux côtés de l'armée de Bashar al Assad contre les rebelles sunnites. C'est le Hezbollah, sur ordre de l'Iran, qui a pris le contrôle du Golan syrien. Et une fois installé dans la région, il n'est pas pressé de passer le relais à l'armée syrienne régulière. Ce qui inquiète d'ailleurs de plus en plus les Druzes de Syrie, pourtant fidèles au régime d'Assad, mais qui redoutent d'être délogés par les miliciens chiites libanais. Au point que le chef de la communauté druze israélienne s'est rendu il y a quelques jours à Moscou pour alerter le Kremlin sur le sort de ses coreligionnaires syriens et demandé l'intervention humanitaire de la Russie, qui comme on le sait, est aussi très active en Syrie.
Le chef du Hezbollah est donc toujours un acteur clé de la région et un des pivots de la stratégie hégémonique de l'Iran. Hier, dans son discours d'anniversaire, Nasrallah a assuré que ses missiles de précision étaient depuis des années produits localement au Liban, ainsi que des drones, façon d'indiquer à Israël que ses frappes contre les cargaisons d'armement iranien qui transitent par la Syrie, ne suffiraient pas à neutraliser son arsenal. Un arsenal que Nasrallah lancera contre Israël en cas de frappe de Tsahal contre les installations nucléaires iraniennes, quand Téhéran lui en donnera l'ordre. Quitte à être la cause d'un déluge de feu israélien sur le Liban.
Pascale Zonszain
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