C'est le métal le plus courant dans notre environnement et un des plus importants pour l’organisme. Aucune vie, qu’elle soit animale ou végétale, n’est possible sans lui, puisqu’il participe à la fabrication de l’hémoglobine, le transporteur de l’oxygène des globules rouges et qu’il entre dans la fabrication de la myoglobine, des hormones et des neurotransmetteurs, si importants pour l’humeur et la cognition. Son déficit a des conséquences multiples et diverses sur l’organisme, allant de la diminution des capacités physiques à l’effort jusqu’à des perturbations graves de l’immunité, du développement psychomoteur, de la gestation. Dès l’Antiquité, il symbolise à tel point la force, qu’il est donné aux guerriers avant les batailles. Mais nous le savons maintenant, il peut également se révéler toxique lorsqu’il est en excès.
On trouve du fer dans l'organisme mais en très faibles quantités, 4g chez l’homme, 2,5g chez la femme. Il est absorbé en fonction des besoins dans la partie haute de l’intestin, capté par la ferritine, stocké dans la moelle, le foie, la rate- où se détruisent les globules rouges. Il participe à un circuit fermé de recyclage permanent, à partir des protéines. Quand les globules rouges meurent (leur durée de vie est de 120 jours), le fer est récupéré et réutilisé pour fabriquer de nouvelles cellules sanguines. Il est éliminé en très faibles quantités, principalement par les selles, mais également les urines, la sueur, la lactation.
Les besoins en fer sont très variables selon le sexe et l’âge : 5 à 10 mg chez l’homme, 15 à 20 mg pour la femme, 20 à 30 mg si elle est enceinte.
Selon l’OMS, le quart de la population mondiale souffrirait d’anémie, due dans la moitié des cas à une carence en fer (dite ferriprive), dont l’hémorragie par les menstrues est la cause la plus fréquente.
La carence en fer entraîne selon son intensité les symptômes variables de l’anémie : pâleur, fatigue, vertiges avec jambes qui flageolent, baisse de la résistance physique et/ou de la concentration, essoufflement au moindre effort, tension artérielle basse, pouls accéléré… et parfois malaise, PC, chute dans les anémies sévères (hémoglobine autour ou inférieure à 8 g).
Le fer est présent dans de nombreux aliments sous 2 formes : le fer animal dit héminique ou végétal dit non héminique. Le 1er est hautement biodisponible avec un taux d’absorption de 15 à 20%. C’est à lui qu’il convient de donner la préférence. On le trouve dans le boudin, la viande rouge, les abats, le foie, le poisson, les coquillages. Le fer non héminique est surtout présent dans les céréales, les fruits, les légumes mais aussi l’œuf et les produits laitiers. Il est beaucoup moins bien absorbé (8% seulement) : il faut donc en apporter plus, autour de 150 mg pour couvrir les besoins.
Parfois les médicaments sont indispensables, en particulier chez les végétariens, mais qui ne sont pas toujours parfaitement tolérés, entraînant des selles noires et surtout des troubles digestifs.
Des interférences ? Les vitamines C et E, le calcium, les protéines animales augmentent notablement son absorption intestinale ; - Le café (+), le thé (++) la diminuent d’où l’habitude que nous avons de conseiller sa prise au dîner où ils ponctuent rarement le repas.
L’organisme élimine difficilement le fer qu’il a absorbé : il a tendance à le stocker dans le foie avec un risque de cirrhose ou d’hémochromatose. La prescription de fer passe nécessairement par un dosage préalable de la ferritine, la protéine de stockage du fer, afin qu’il ne soit jamais en excès. Nous voyons parfois en consultation des dames qui traitaient leur fatigue, en réalité leur anémie, par du fer lorsqu’elles avaient leurs règles, et qui continuent une fois celles-ci supprimées avec la ménopause. Cette habitude doit alors être abandonnée, le fer n’est pas un médicament antifatigue.
Tel Janus, le dieu romain, le fer est un métal dual tantôt indispensable, parfois dangereux. Il est vivement déconseillé d’en entreprendre une supplémentation, hors avis et suivi médicaux, même si Popeye avait fait de l’épinard, censé en contenir beaucoup ce qui est d’ailleurs faux, l’aliment-santé universel d’invulnérabilité.
Docteur Serge Rafal
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.