L'Ukraine et le compte à rebours iranien, le casse-tête stratégique d'Israël

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L'Ukraine et le compte à rebours iranien, le casse-tête stratégique d'Israël
(Crédit : GPO)

Si le monde compte les jours et même les heures qui le séparent d'une guerre en Ukraine, pour les dirigeants israéliens, c'est une autre échéance stratégique qui occupe leur attention : celle de l'imminence d'un nouvel accord international sur le programme nucléaire militaire iranien. Dimanche, le Premier ministre Naftali Bennett estimait que cet accord pourrait intervenir à tout moment. Et dans des conditions qui n'enthousiasment pas les Israéliens. "Apparemment, cet accord sera plus court et plus faible que le précédent" a indiqué le chef du gouvernement israélien. Et ce sont effectivement ces deux points qui inquiètent Jérusalem.

Le Protocole conjoint signé par les grandes puissances avec l'Iran en 2015 devait couvrir une période de dix ans. La durée du nouvel accord ne sera apparemment pas prolongée, mais restera dans le cadre fixé initialement, soit jusqu'en 2025. Or, depuis la signature de l'accord de Vienne et en particulier depuis le retrait des Etats-Unis de la convention par le président Trump en 2018, les Iraniens ont poursuivi et intensifié leur enrichissement d'uranium et développé un savoir-faire et une expérience qui leur resteront acquis, quoi qu'il arrive. Cela veut dire que dans deux ans et demi, l'Iran pourra accroitre son parc de centrifugeuses, sans aucune limitation, sans compter les dizaines de milliards de dollars qui entreront dans les caisses de Téhéran grâce à la levée des sanctions, et qui serviront aussi à financer le terrorisme, met en garde Naftali Bennett.

A Munich, devant les leaders réunis pour la conférence sur la sécurité, le ministre israélien de la Défense a enfoncé le clou. Pour Benny Gantz, il est capital que l'Iran continue à faire l'objet d'une surveillance et d'un contrôle permanents. La clause de fin de l'accord ne doit pas être un blanc-seing pour Téhéran, qui lui permettrait de mener à bien librement ses ambitions nucléaires, a averti le ministre israélien. "Il faut prendre toutes les mesures nécessaires pour que l'Iran ne devienne jamais un Etat au seuil de la capacité nucléaire" a martelé Benny Gantz, qui a également insisté sur la nécessité d'empêcher l'Iran de développer des missiles balistiques capables de porter une ogive nucléaire. C'est aussi ce que le ministre israélien de la Défense a répété à la vice-présidente des Etats-Unis Kamala Harris, avec qui il s'est entretenu au cours du weekend, en marge de la conférence. Cette fois, les dirigeants israéliens estiment donc que les jeux sont quasiment faits et que les P5+1 vont bien signer un nouvel accord avec Téhéran. Ce qui signifie qu'Israël doit s'organiser pour "le jour d'après" en vue de veiller à la sécurité de sa population, comme l'a indiqué hier Naftali Bennett. Si le renforcement de la coopération stratégique régionale se met en place entre Israël et ses nouveaux alliés sunnites, contre la menace terroriste iranienne au Moyen Orient, la principale inconnue reste donc les conditions qui seront accordées à l'Iran par les grandes puissances, dans un contexte géopolitique qui pourrait jouer en faveur de Téhéran. Les Etats-Unis et les puissances européennes ont toujours leur attention captée par la crise ukrainienne et la Russie. Et ils pourraient voir dans un accord sur le nucléaire iranien le moyen de désamorcer une partie de la tension face à Moscou.

Pascale Zonszain

pzoom210222

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