La "coopétition" franco-israélienne sur les marchés mondiaux de l'armement, la chronique de Daniel Rouach

Israël.

La "coopétition" franco-israélienne sur les marchés mondiaux de l'armement, la chronique de Daniel Rouach
(Crédit : DR)

COOPERATION FORCEE? Les Accords d’Abraham ont une influence sur la relation entre marchands d’armes israéliens et français. De plus en plus de pays arabes, qui se fournissent en armes en France, souhaitent acheter des matériels israéliens considérés comme très performants. Et suggèrent aux leaders de l’armement français de coopérer avec les israéliens.

Ainsi une « coopétition » est en train d’émerger. Concurrents féroces sur certains marchés, les israéliens et français sont obligés de coopérer. C’est déjà le cas de l’Inde. Au Maroc les choses évoluent dans ce sens.

Le Maroc souhaite acheter des avions sans pilote et des systèmes anti-missiles de fabrication israélienne, et la mise en service d’une mise à niveau israélienne de certains de ses avions de combat.

Le Maroc a acheté pour plus de 426 millions d'euros d’armes à la France en 2020. Il se place ainsi comme 3ème client de la France à l’échelle mondiale et 1er sur le continent africain,

On constate sans surprise que les israéliens entrent dans une chasse gardée française au Maroc. Français et Israéliens vont être obligés de coopérer ouvertement au Maroc. Cette situation est inconfortable pour les deux parties mais entraine des coopérations inimaginables il y a deux ans.

MARCHE MONDIAL. Le chiffre est connu. La France occupe la 3ème place du marché mondial des ventes d’armement et représente dans le monde 8% des exportations de missiles, avions de chasse et navires de guerre.

L’Arabie saoudite est devenue en 2021 le 1er client d’armes de la France. Elle demeure le troisième acheteur sur la période 2011-2020, après l’Inde et le Qatar.

Pour Israël les exportations militaires ont dépassent 8,3 milliards de dollars, la majeure partie étant destinée aux régions Asie et Pacifique. Israël se situe à la 8ème place des exportateurs d’armes dans le monde. Ses principaux clients sont l’Inde, Canada, Vietnam et Azerbaïdjan.

Les premiers postes d’exportation d’Israël sont ses systèmes de radars et radars d’alerte précoce suivis par les livraisons d’armes et de munitions, puis des systèmes aériens sans pilote et les drones. Une forte augmentation des exportations militaires en pleine pandémie a eu lieu.

Les ventes à destination de l’Asie et du Pacifique, qui englobent aussi le Moyen-Orient, représentent 44% du total. 30% des exportations se font vers l’Europe, 20% vers l’Amérique du Nord, 4% vers l’Afrique et 2% vers l’Amérique du Sud.

Une évolution se produit actuellement et qui énerve les français :

Selon le journal Le Monde : « Des industriels français de l’aéronautique, en particulier le groupe Dassault, se plaignent des actions de prospection que mènent leurs concurrents israéliens sur des marchés extérieurs. C’est le cas en Amérique latine.

Selon les industriels français de l’aéronautique, les Israéliens tentent actuellement de prendre pied en Amérique latine et ils proposent leurs services à des pays qui, comme le Venezuela, la Colombie, l’Équateur, le Pérou, l’Argentine et le Brésil, ont acquis, par exemple, des avions de combat Mirage ou Jaguar.

Les Israéliens ne se contentent pas d’offrir leurs matériels au cas où il faudrait remplacer et moderniser les fournitures anciennes ; ils proposent aussi de se substituer à l’assistance technique de la France, en prenant à leur charge la réparation et l’entretien des armements français exportés avec lesquels ils sont familiarisés.

Les Israéliens proposent à l’Argentine de s’occuper de l’entretien des avions de pénétration Mirage-III que ce pays a achetés à la France. Israël vient de vendre à l’Argentine vingt-six avions de combat. il s’agit de Mirage-III d’occasion, prélevés sur l’arsenal israélien – Israël en avait commandé il y a une quinzaine d’années soixante-douze exemplaires – et remis au standard par l’industrie israélienne (Israël Aircraft Industries) ».

Autre terrain d’affrontement entre israéliens et français : l’Afrique. Selon Jeune Afrique : « À Abidjan, le salon Shield Africa tient sa sixième édition. Il est devenu l’un des rendez-vous majeurs dédiés à la défense et à la sécurité en Afrique.

Le salon est la propriété du Groupement des industries françaises de la défense et de la sécurité terrestres et aéroterrestres.

Chez Thalès, certains hommes font la moue. Ils découvrent, le nombre anormalement élevé de sociétés israéliennes. Verint System, grand spécialiste de l’écoute et de la surveillance des réseaux de communication est là. En tout, une dizaine d’entreprises sous la bannière de l’État hébreu sont présentes dans les allées.

« Ça nous a fait un choc. On sait tous que, sur le marché des technologies de défense, les Israéliens sont redoutables », confie un spécialiste français de la sécurité.

En Côte d’Ivoire, si les Français ont longtemps eu une longueur d’avance, les envoyés d’Israël ont en réalité avancé leurs pions depuis de nombreuses années.

Abidjan est devenue (avec le Togo) la plaque tournante des milieux d’affaires israéliens en quête d’opportunités d’investissements en Afrique de l’Ouest.

Israël et NSO ont conquis Abidjan et vendu leurs équipements à la Direction de la surveillance du territoire, à la Direction des services extérieurs et à la Direction des renseignements militaires ». La porte d’Abidjan est désormais grande ouverte aux acteurs d’Herzliya ».

Daniel Rouach

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