Lundi, Jean-Philippe Steven Jean-Louis, 25 ans, a été le premier à être scruté sur ses propos et son activité, notamment sur internet. Originaire d’une famille d’origine haïtienne, il s’est converti à l’islam. Au cours de son interrogatoire de personnalité la semaine dernière, l’accusé et son avocat, Me Béranger Tourné, ont tout de suite avancé des circonstances atténuantes arguant des sévices qu’il avait subis dans les foyers où il avait été placé.
Mais lundi, il a été question du rôle qu’a joué Jean Louis dans la mouvance djihadiste. Quelles ont été ses relations physiques ou numériques avec les deux terroristes tués par les forces de l’ordre, Adel Kermiche (dont je vous parlais hier) et Abdel-Malik Petitjean, ainsi que ses trois coaccusés: Rachid Kassim (l’instigateur, présumé mort), Farid Khelil et Yassine Sebaihia. Cheveux courts, lunettes, Jean-Philippe Steven Jean-Louis se tourne souvent vers ses avocats espérant trouvé un appui solide.
A la barre, «Sdat 100», égrène les dates, et déclarations sur la messagerie cryptée Telegram. L’ accusé était «particulièrement actif sur la djihadosphère».
La Cour apprend des échanges marquants : la discussion sur Telegram, le 16 juin 2016, entre Jean-Louis et le cousin d’Abdel-Malik Petitjean, Farid Khelil. Khelil dit qu’il ne peut plus supporter de vivre dans un pays de «mécréants» «Ils ont dédié leur vie au diable, je veux montrer que j’ai dédié ma vie à Allah, je veux frapper comme on m’a frappé.» Jean-Louis répond toujours sur cette messagerie cryptée: On est des terroristes, on terrorise l’ennemi.»
Un mois après l’attentat, nouvel échange, le 27 juillet 2016. Jean-Louis explique à Khelil: «Je crois que (c’est ton cousin Petitjean) qui a fait le truc à l’église.» Khelil n’y croit pas, qui, un peu plus tard, indique que sa famille lui a confirmé l’information.
«Qu’Allah l’agrée», commente Jean-Philippe Steven Jean-Louis qui adjure : «Venge ton cousin, fonce vers l’ennemi, il ne faut rien leur laisser à ces chiens. Supprime tout (toute trace de contacts).»
Et plus encore «Sdat 100» a également expliqué que la chaîne Telegram de l’accusé diffusait la propagande de Daech et était suivie par Kermiche et Petitjean, tout en relayant les appels au massacre de Rachid Kassim.
Il créait des «cagnottes» sur le Net (quinze entre le 2 août 2015 et le 22 juillet 2016), notamment pour aider des candidats au djihad. L’accusé avance ce mardi un rôle «humanitaire» et une volonté de «modérer» les djihadistes sur le Net. «Est-ce votre sentiment?», a demandé le président du tribunal à «Sdat 100». Réponse froide : «On ne trouve pas une telle modération dans ce qui a été publié.»
Michel Zerbib
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