C'est à nouveau un des enquêteurs belges qui est ainsi venu détailler comment les terroristes avaient loué des planques à partir de la fin août 2015 : huit au total en Belgique. La recherche de trois d’entre elles et les éléments qu’y ont trouvés les enquêteurs ont été détaillés ce mardi : un appartement rue Henri-Bergé à Schaerbeek, un appartement rue du Fort à Charleroi et une maison rue Radache à Auvelais.
L’ intérêt est de mettre en évidence des traces ADN de nombreux terroristes morts au cours des attentats et de plusieurs accusés y ont été retrouvées : Abdelhamid Abaaoud, Ibrahim El Bakraoui, Chakib Akrouh, Mohamed Bakkali, Salah Abdeslam, Mohamed Abrini…
Même si comme l’a rappelé une avocate de la défense, "il est très difficile de déterminer à quel moment se trouvait précisément tel mis en cause dans tel appartement".
Outre les huit planques louées sous de fausses identités, les terroristes en ont recherché plusieurs autres qu’ils n’ont pas retenues pour diverses raisons. La question de l’humidité des lieux semble avoir été un critère de choix. "Pour la fabrication de l’explosif TATP, l’hygrométrie des lieux est importante", rappelle l’un des avocats généraux.
Toujours est il que l’appartement de la rue Henri-Bergé à Schaerbeek a servi à produire l’explosif. Les enquêteurs y ont retrouvé un chiffon blanc contenant 10 g de TATP.
Autres précautions prises par les terroristes : le 6 octobre 2015, ces derniers pensant pouvoir emménager dans la maison d’Auvelais, avaient commencé à décharger des matelas et autres affaires. Dans cette maison, ils installeront des draps aux fenêtres pour être à l’abri des regards indiscrets. Amateurisme …
De manière plus prudente encore, Khalid El Bakraoui (l’un des coordonnateurs de la cellule belge, qui se fera exploser lors des attentats de Bruxelles, le 22 mars 2016) utilise des lignes téléphoniques spécifiques pour louer des planques.
Au total, au cours de la deuxième partie de l’année 2015, Khalid El Bakraoui aura utilisé seize lignes dédiées. De quelqu’un qui utilise autant de lignes en même temps, on peut dire qu’il est paranoïaque, ou tout du moins très "méfiant", résume drôlement une avocate de la défense.
Plus étonnant encore ce croquis retrouvé dans l’une des planques représentant les contours d’une personne entourée de ce qui pourrait être une ceinture explosive. Sorte de dessin d’enfant.
Pour louer ces planques, les terroristes se servaient de fausses cartes d’identité sur lesquelles ils apparaissent portant des perruques et lunettes. Mais sur certaines d’entre elles, les photos les montrent à visage découvert, sans être déguisés. Amateurisme encore.
Favorable à l’accusé, Yassine Atar, poursuivi pour association de malfaiteurs terroriste. On l’accusait d’avoir détenu la clé d’une de ces planques : elle avait été retrouvée chez lui lors d’une perquisition. Or, l’avocat général l’a reconnu : cette clé de mauvaise qualité peut ouvrir plusieurs cylindres. "Nous ne considérons plus qu’il s’agit d’un élément à charge."
Pour résumer ces enquêtes sur les différentes planques sont fondamentales. Les traces ADN retrouvées sur place, permettent d’établir que "dès la fin août 2015, la connexion est faite entre le groupe de Schaerbeek (les frères El Bakraoui, Mohamed Bakkali…) et le groupe de Molenbeek (les frères Abdeslam, Mohamed Abrini)", a mis en évidence Me Topaloff, avocate combative de parties civiles.
Michel Zerbib
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