Tsahal scrute la guerre russe en Ukraine

Israël.

Tsahal scrute la guerre russe en Ukraine
(Crédit : Tsahal)

Comme probablement de nombreux autres pays, les responsables de la défense israélienne suivent avec la plus grande attention l'évolution des combats en Ukraine. A la différence près qu'Israël surveille aussi depuis un peu plus de six ans ce que fait l'armée russe aux côtés du régime d'Assad en Syrie. Sa présence militaire importante, son mode opératoire contre les rebelles syriens et son contrôle de l'espace aérien de la Syrie ont déjà fait l'objet d'un examen très pointilleux de Tsahal, surtout pour ce qui concerne sa propre marge de manœuvre contre les Iraniens et leurs milices présentes sur le territoire syrien.

Pour ce qui est de l'invasion russe en Ukraine, elle intéresse les forces de défense israélienne à plusieurs titres. La résistance de l'armée ukrainienne est plus forte que ce que les Russes avaient anticipé. Et la phase des combats urbains n'a même pas encore vraiment commencé, si l'on excepte la chute de la ville de Khersom. Les Ukrainiens semblent réserver leurs forces pour l'entrée des colonnes russes à l'intérieur de Kiev ou de Kharkov. Et l'issue des combats pourrait dépendre en grande partie du rôle joué par les blindés, qui au départ ne sont pas conçus pour une guerre en milieu urbain. Ce scénario, Israël l'a déjà expérimenté pendant les deux guerres du Liban et surtout celle de 2006, et aussi partiellement dans ses opérations terrestres contre le Hamas à Gaza en 2012 et en 2014.

Il y a aussi l'aspect logistique, qui ne semble pas être le point fort de la Russie. Le gigantesque convoi qui fait route vers Kiev progresse beaucoup moins vite que prévu, notamment pour des questions d'approvisionnement qui n'a pas été suffisamment préparé. Tsahal avait aussi connu des problèmes à Gaza en 2012 et au Liban en 2006, où l'intendance n'avait pas suivi et des soldats s'étaient retrouvés coupés de leur soutien logistique, ce qui les avait notamment privés de stocks de nourriture suffisants.

Tsahal étudie également les perturbations et les dommages subis par la population ukrainienne. Depuis la 1ere guerre du Golfe de 1991, l'armée israélienne a dédié un département entier à la protection de la population civile et des infrastructures, ce que l'on appelle le Pikud Haoref, le commandement de l'arrière. Associé au système de défense aérienne multicouches développé par l'industrie de défense israélienne, cette protection de l'arrière doit permettre de réduire les dommages pour la population civile. Mais en Israël, on sait que les précédentes confrontations avec le Hamas et le Hezbollah ne sont qu'un avant-goût de ce que la milice chiite libanaise peut faire si elle reçoit l'ordre de l'Iran de lâcher toute la puissance de feu de ses 150.000 missiles pointés sur Israël.

Enfin, et ce n'est pas la moindre des préoccupations israéliennes, il y a la menace nucléaire que commence à brandir la Russie. Comment va réagir l'occident et en particulier les Etats-Unis ? Et on pense évidemment aux enseignements que pourraient en tirer les Iraniens, alors que l'accord sur leur programme nucléaire militaire était annoncé comme imminent. Et que se passera-t-il si Poutine décide de déployer ses missiles nucléaires sur d'autres fronts pour accroitre sa menace, par exemple dans les républiques du Caucase, voire, pourquoi pas, en Syrie ? Avec la difficulté à prévoir le comportement de Vladimir Poutine, les responsables de la défense israélienne doivent aussi considérer ce scénario comme possible.

Pascale Zonszain

pzoom040322

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