Naftali Bennett au Kremlin, mission inédite pour Israël

Israël.

Naftali Bennett au Kremlin, mission inédite pour Israël
(Crédit : Kobi Gideon/GPO)

La rencontre au Kremlin se préparait dans le plus grand secret depuis le milieu de la semaine dernière. Il est très probable que le projet ait été discuté entre Naftali Bennett et le chancelier allemand Olaf Scholz, lors de sa visite à Jérusalem mercredi dernier. Ce qui explique aussi que le Premier ministre israélien ait fait étape à Berlin avant de regagner Jérusalem, après ses trois heures d'entretien à Moscou avec le président russe. Naftali Bennett avait même songé un moment faire une deuxième escale à Paris pour briefer Emmanuel Macron, mais le chef de l'Elysée, qui doit aussi se consacrer à la campagne présidentielle, s'est finalement contenté d'un échange téléphonique avec le Premier ministre israélien. Très peu de dirigeants avaient été mis dans la confidence, parmi eux bien sûr le président ukrainien, et évidemment le président des Etats-Unis.

Le détail des discussions entre Vladimir Poutine et Naftali Bennett n'a pas été divulgué, mais on sait qu'elles ont porté sur la guerre en Ukraine, ses aspects humanitaires, le sort des communautés juives, et aussi sur l'Iran. Le Premier ministre israélien est en quelque sorte un médiateur malgré lui dans cette crise internationale inédite par son ampleur depuis la Seconde guerre mondiale. En octobre dernier, lors de sa première rencontre avec le président russe à Sotchi, il avait déjà offert ses bons offices, relayant en cela la demande que lui avait faite le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Naftali Bennett avait alors essuyé un "niet" catégorique de Vladimir Poutine.

Si le chef du gouvernement israélien, Juif pratiquant, s'est résolu à voyager le samedi, accompagné d'ailleurs de son ministre de l'Habitat Zeev Elkin, lui aussi religieux traditionnaliste et qui a servi d'interprète, pour rencontrer le chef du Kremlin, c'est qu'il estimait que cet entretien pourrait aider à sauver des vies, seule circonstance qui autorise à enfreindre le Shabbat. Reste à savoir jusqu'à quel point le  voyage de Naftali Bennett a été coordonné avec les autres acteurs. La Maison Blanche n'a encore fait aucun commentaire public sur l'entretien. Mais il est difficile d'imaginer que le Premier ministre israélien ait décidé seul de prendre une telle initiative.

Naftali Bennett a donc estimé qu'il avait une carte à jouer pour tenter une désescalade entre Moscou et Kiev. Israël s'est joint au vote de condamnation de la Russie à l'Assemblée Générale des Nations Unies mercredi dernier, mais le gouvernement israélien est resté modéré dans ses déclarations officielles contre la Russie, ce qui lui permet de rester un interlocuteur acceptable pour les deux camps. Mais dans le même temps, Israël n'est pas neutre. La présence militaire russe en Syrie l'oblige à maintenir de bonnes relations avec le Kremlin, s'il veut préserver sa liberté d'action contre l'Iran sur le territoire syrien. Le Premier ministre israélien doit également tenter de s'assurer que Poutine ne se rangera pas totalement du côté de Téhéran dans l'accord sur le nucléaire iranien, même s'il sait que son avis pèse peu dans la balance. Il faudra encore attendre pour savoir si Naftali Bennett a contribué à dénouer le conflit ou s'il aura été seulement un outil entre les mains de Vladimir Poutine. Mais jamais encore un dirigeant israélien ne s'était retrouvé dans une telle position ni avec une telle responsabilité sur les épaules.

Pascale Zonszain

pzoom070322

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