J’ai déjà dit ici l’importance que revêtait la tenue de ce procès pour un crime de type islamo-nazi et anti chrétien et la menace qui perdure à l’heure ou nous parlons plus , il est vrai , de la guerre faite à l’Ukraine. Alors oui ce matin focus sur ce que j’ai vu et entendu dans cette audience consacrée aux plaidoiries des parties civiles et des avocates générales (l’accusation).
Lundi le 7 mars, à l'heure des plaidoiries des parties civiles au procès de l'attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray, la mémoire d’un intellectuel algérien abattu en 1993 a été invitée aux débats par Me Méhana Mouhou, avocat de Guy Coponet. Massacré , poignardé, le père Hamel a choisi de « dire » face à la mort et à son assassin. « Il a eu peur, il a eu mal, a rappelé Me Catherine Fabre, avocate du diocèse de Rouen et de l'archevêque de Rouen, Mgr Lebrun. Mais en disant « Va-t'en, Satan ! », il ne s'est pas lamenté, il n'a pas paniqué, il a rejeté le mal, il était dans un autre combat ».
Le souvenir de ce crime en Algérie a souligné que la mort de Jacques Hamel fut précédée de tant d'autres, et notamment en Algérie de tant de religieux catholiques, alors que, ajoute M Mouhou, « nous avons regardé ailleurs et laissé entrer l'islam politique dans la tête (des jeunes générations) ». Jacques Hamel, M Fabre le rappelle, n'a quant à lui pas regardé ailleurs, sans agressivité mais sans naïveté, quand il déclarait dans les années 1990 à propos de ces assassinats de religieux : « il faudra que les musulmans changent comme nous avons changé. »
"Des choses littéralement inouïes », pour reprendre le mot de Me Fabre, y ont été entendues. Ces mots, ce furent ceux de Guy Coponet, de Roselyne Hamel, de Mgr Lebrun. Et aussi ceux des avocats de la partie civile qui, chacun dans son registre, ont été lundi à la hauteur de l'enjeu. Ainsi de Me Christian Saint-Palais, représentant les sœurs du père Hamel, lançant aux trois accusés dans le box, jugés pour association de malfaiteurs terroriste criminelle : "Vous avez évoqué vos fragilités. Le père Hamel a eu aussi un parcours difficile et il a eu des choix à faire au même âge que vous (…). Mais cela ne l'a pas empêché de toujours chercher la lumière. "
Avocat de l'Association française des victimes du terrorisme (AfVT), M Francis Szpiner a rappelé que le procès se déroule dans la salle Voltaire, symbole « du refus du fanatisme, de l'intolérance religieuse, des Lumières ». Il s’élève contre le totalitarisme islamiste à l'origine d'un « crime exceptionnel par le lieu et la qualité de la victime ». Spinner tonne aussi contre le raté (et sa dissimulation, révélés par Mediapart) du renseignement de la préfecture de police, qui n'a pas fait remonter assez vite l'identification d'Adel Kermiche. Tout en précisant que cela n'aurait pas empêché le crime.
S'ils avaient dénoncé Adel Kermiche et son complice Abdel-Malik Petitjean. Avocat de la Fenvac, Me Éric Morain note que les accusés « n'ont pas convaincu (…) Pire, ils ont déçu » par un « travestissement des choses ». Pour Me Anne Muller, représentant le neveu du père Hamel, « ils ont apporté leur pierre à l'action terroriste (de Kermiche et Petitjean). Tout en ayant le même profil, rappelle Me Antoine Casubolo-Ferro, avocat de l'AfVT : « échec scolaire, immaturité, désocialisation ». « La vie pour aucun homme cela n'est simple » leur a lâché Me Saint-Palais. Mais, face aux difficultés et à la différence du père Hamel, ils ont fait le choix de la mort.
Quatorze ans de réclusion criminelle ont été requis à l'encontre de Jean-Philippe Steven Jean-Louis, considéré comme le "maître de la propagande" par le ministère public.
À l'encontre de Farid Khelil, considéré comme "le manipulateur (…) qui a encouragé son cousin", les avocates générales ont requis neuf ans d’emprisonnement, assorti d’une période de sûreté des deux tiers. À l'encontre de Yassine Sebaihia, 27 ans, "l’apprenti jihadiste", les avocates générales ont requis sept ans d’emprisonnement.
Un quatrième accusé, Rachid Kassim, 35 ans, vu comme l'instigateur de l'attentat mais présumé mort en Irak depuis 2017, a été jugé en son absence pour "complicité". Les avocates générales ont demandé la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de 22 ans de sûreté. Rachid Kassim est "l’ombre noire du dossier, l’instigateur", selon le parquet.
Michel Zerbib
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