Admiration pour ce peuple ukrainien qui défend son pays dont Poutine dit qu’il n’existe pas et qu’il a contribué à souder plus que quiconque; ce peuple ukrainien, dont les persécutions envers les Juifs sillonnent l’histoire alors que les Juifs d’aujourd’hui disent qu’ils n’y souffrent pas d’antisémitisme, malgré les anecdotes fabriquées par l’efficace industrie de fake news au service du Kremlin.
Emerveillement pour ces Russes qui manifestent au risque de leur liberté et de l’avenir de leur famille dans un environnement chauffé à blanc par les médias aux ordres. Ceux qui nous adjurent ici de comprendre les humiliations que l’Occident a fait subir à la Russie sont au mieux les moutons de Panurge de la propagande poutinienne: l’Occident ne s’est pas dressé contre la Russie mais contre une URSS déliquescente dont la disparition, si elle fut un drame pour Poutine, fut un soulagement pour des populations chez qui la liberté était un concept transcendant celui du refus d’un pass sanitaire à quoi chez nous le mot liberté semble se résumer.
Surprise pour cette Europe qui parle d’une même voix et sort de sa somnolence, elle qui avait oublié l’adage romain: « si tu veux la paix, prépare la guerre ». Mais aujourd’hui, l’Otan reste le seul bouclier contre un aventurier nucléaire. Ceux qui proposent de le quitter pour apaiser Poutine nourrissent le crocodile, comme disait Churchill, en espérant être dévorés les derniers……
Inquiétude pour les Etats Unis. L’Europe va subir de lourdes conséquences économiques, singulièrement l’Allemagne qui a mis la moitié de sa consommation énergétique dans les mains de la Russie et a sabordé son industrie nucléaire. Mais l’arrêt de l’importation de pétrole et de gaz russe par les Etats Unis relève de l’effet d’annonce, puisque ils produisent les 20 millions de barils quotidiens dont ils ont besoin et n’importent du pétrole que pour des raisons de convenance commerciale, entre autres les 3% qui provenaient de Russie.
C’est l’inflation alimentée par l’élévation des prix de l’énergie qui est le souci de Jo Biden Pour éviter que les législatives de novembre n’amènent un Congrès républicain il cherche à augmenter l’offre pétrolière. Snobé par le saoudien MBS auquel il s’oppose depuis l’assassinat de Kashoggi, il a repris contact avec le catastrophique régime vénézuélien, plus grosses ressources pétrolières de la planète.
Et surtout, il essaie coûte que coûte de conclure un accord avec l’Iran, qui profite de cette fébrilité.
L’Iran, passant du stade d’état paria à celui de sauveur de l’économie américaine, l’image est cruelle et exagérée. Mais ce pays est peut-être le grand bénéficiaire du drame ukrainien.
Les derniers développements des pourparlers de Vienne sont inquiétants. L’Iran exige la clôture de l’enquête de l’Agence de Contrôle nucléaire, l’AEIA, sur ses violations à l’accord nucléaire. L’Agence vient d’annoncer que son attitude sera « pragmatique », c’est-à-dire qu’elle va obtempérer. L’Iran passera donc pour un loyal acteur de l’accord de 2015 et les méchants Américains qui ont dénoncé cet accord et procédé à un train massif de sanctions, vont devoir payer de lourdes compensations financières.
A Vienne, ce qui semble inopinément retarder la signature est l’exigence russe de continuer à volonté ses transactions avec l’Iran, qui détricoterait les sanctions prises contre la Russie.
Pourquoi les Américains tiennent-ils autant à ces accords alors que la volonté de l’Iran, le caractère sanguinaire de son régime et l’utilisation de la manne financière pour alimenter le Hezbollah et ses autres affidés ne font aucun doute? Sur le site de Khamenei, on lit une rhétorique haineuse envers des Etats Unis moralement dégénérés et de plus en plus faibles qui n’est pas sans rappeler ce que dit Poutine, dont les Iraniens sont des soutiens indéfectibles.
Robert Malley, responsable américain des pourparlers, avait déjà négocié le JCPOA et son laxisme a poussé à la démission certains membres de sa délégation. Son père, célèbre journaliste juif égyptien, était un admirateur de Nasser, du FLN, de Fidel Castro et Yasser Arafat. Lui-même prône la déconstruction du narratif historique occidental. Sa nomination était tout sauf un choix neutre.
Y aura-t-il un sursaut américain, ou la conjonction d’une idéologie tiers mondiste et d’une volonté électoraliste de contenir le prix du baril aura-t-elle le dernier mot?
Israël est évidemment au cœur de ce questionnement.
Richard Prasquier
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