Pendant la guerre en Ukraine, l'Iran s'active au Proche-Orient

Israël.

Pendant la guerre en Ukraine, l'Iran s'active au Proche-Orient
Pascale Zonszain.

Personne en Israël n'a évidemment commenté le communiqué des Gardiens de la révolution iraniens, qui accusait le Mossad d'opérer dans le Kurdistan irakien. Le tir de douze missiles balistiques qui a visé la ville d'Erbil dans la nuit de samedi à dimanche est pourtant un développement préoccupant, que l'objectif visé ait été le consulat américain ou un supposé "centre stratégique sioniste" selon les termes iraniens. D'autant que le message s'accompagnait d'un avertissement contre la poursuite des actions d'Israël, qui entrainerait une "réponse dure, décisive et destructrice". Il y a quelques jours, les Gardiens de la Révolution annonçaient que deux de leurs officiers avaient été tués dans un raid de Tsahal lundi dernier, au sud de Damas. Il est très rare que Téhéran publie le nom de ses hommes tués en Syrie, car cela l'oblige non seulement à reconnaitre leur activité sur place mais aussi à riposter. La dernière fois, c'était en avril 2018 après un raid attribué à Israël dans la région de Homs, et qui avait couté la vie à sept soldats iraniens et le nord d'Israël avait été la cible de tirs de roquettes. C'est ce qui a déjà conduit Tsahal à renforcer son état d'alerte dans le nord d'Israël pour l'aviation, la défense aérienne et les services de renseignements, en prévision d'une attaque qui pourrait provenir de Syrie ou du Liban.

Mais c'est l'ensemble du contexte stratégique qui inquiète Israël. Les Européens ont annoncé en fin de semaine la suspension des discussions sur l'accord nucléaire avec l'Iran, bien que Josep Borrell ait assuré que le texte final était quasiment prêt. Une pause apparemment liée à de nouvelles exigences de la Russie, partie aux négociations. Alors, parallèlement, les Israéliens veillent à resserrer les liens avec leurs nouveaux alliés régionaux. Le chef d'état-major de Tsahal a effectué les 9 et 10 mars sa première visite officielle au Bahreïn. Il s'agissait pour le général Aviv Kochavi de renforcer la coopération sécuritaire avec le royaume du Golfe face à la menace iranienne. Le chef d'état-major israélien a également rencontré le commandant de la 5e Flotte américaine, basée à Manama. Depuis qu'Israël a intégré le CENTCOM, le commandement militaire américain pour la région Moyen Orient-Asie, une adhésion rendue possible par la normalisation de ses relations avec le Bahreïn et les Emirats arabes unis, la coopération stratégique a été facilitée, y compris avec des pays qui n'entretiennent pas encore de relations diplomatiques avec Israël. Selon le site d'infos saoudien Elaph, le général Kochavi aurait aussi profité de sa visite dans le Golfe pour rencontrer pour la première fois son homologue du Qatar. On sait que depuis plusieurs mois, Israël met en place avec plusieurs pays du Moyen Orient un mécanisme de défense et de préalerte commun contre les attaques de drones et de missiles lancées par l'Iran et ses milices supplétives dans la région, notamment au Yémen. Le média saoudien, qui cite des sources israéliennes, indique encore que les chefs d'état-major israélien et qatari auraient discuté de l'installation de radars israéliens au Qatar, voisin de l'Iran et qui n'a pas de relations diplomatiques avec Israël.

L'Iran pourrait tirer avantage de l'attention internationale concentrée sur la guerre en Ukraine pour tenter de déstabiliser le Proche-Orient. Israël et ses alliés dans la région veulent donc être prêts à toute éventualité.

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