Kharkhach l’homme des faux papiers réclame un « sérum de vérité ».
IF Ce 11 mars 2002 ,au 91e jour du procès des attentats du 13 novembre 2015, la cour spéciale antiterroriste a interrogé Farid Kharkhach pour avoir fabriqué plusieurs fausses cartes d'identité utilisées par la cellule terroriste. L’accusé a juré qu'il ne se doutait pas que cela servirait pour organiser des attentats. Une audience qui n’a pas oublié , Michel, l’histoire récente du terrorisme assassin en France et en Espagne d’autres 11 mars terribles .
MZ Oui Ilana , de l’importance de l’histoire et de la mémoire . Une avocate de victimes s’est levée dès l'ouverture de cette 91e journée d'audience. Nous étions le 11 mars, journée internationale des victimes du terrorisme. Il y a dix ans jour pour jour, Mohamed Merah abattait froidement sa première victime, le soldat Imad Ibn Ziaten dans le sud-ouest de la France. Huit ans plus tôt, le 11 mars 2004, des bombes faisaient près de deux cents morts et presque deux mille blessés en gare de Madrid-Atocha. En ce jour mémoriel, Me Géraldine Berger-Stenger a clamé que le terrorisme ne vaincra pas.
IF Comme souvent la cour établit une liaison vidéo avec Bruxelles pour interroger les témoins , ce vendredi la famille de Kharkhach
MZ On ne pourra finalement pas entendre le frère de l'accusé Farid Kharkhach. Ce frère, prénommé Mourad, ayant transmis un certificat médical . Placeà l'épouse de Kharkhach . Elle se prénomme Myriam, apparaît sur grand écran, voile clair , visage juvénile, voix plutot assurée.
"D'abord, je voudrais m'excuser auprès des Parisiens et des Bruxellois. On regrette sincèrement d'avoir participé à tout ça sans le savoir". Et elle résume en quelques mots son mari "souriant, gentil, un bon père de famille, avec un gros coeur". Pour elle, les fausses cartes d'identité qu'il a fabriquées pour un logisticien des attentats du 13 novembre 2015, "c'est juste une erreur de parcours".
Madame Kharkhach, qui ne porte pas le nom de celui qu'elle avait épousé au Maroc, rendait des services à "Farid" Elle savait que son homme faisait des trafics, mais il vendait aussi des voitures. Elle préférait faire l'autruche, confesse-t-elle avec un petit rire . »Je voulais pas savoir, parce que je lui avais dit que si je devais témoigner contre lui, j'aimerais pas l'enfoncer !"
IF Ce n’est pas un témoin comme les autres Michel
MZ Non c’est vrai ! Elle-même doit être jugée le mois prochain dans un procès bruxellois baptisé "Paris bis", pour ceux qui comme elle, sont suspectés d'avoir apporté une aide de moindre importance à la cellule terroriste.
Ce qu'elle reconnaît, c'est avoir passé une enveloppe à Khalid El Bakraoui, logisticien du 13 Novembre 2015, futur kamikaze des attentats belges du 22 mars 2016. Puis trois autres fois encore, une enveloppe à un "homme au képi", mais sans jamais savoir que c'étaient des faux-papiers, jure-t-elle. Et elle assure que son époux ne savait pas que ces documents falsifiés par lui-même allaient atterrir entre les mains de terroristes.
IF L’accusé , Michel ,va faire quelque chose d’inhabituel en présentant des excuses à sa femme
MZ Farid Kharkhach, la voix tremblante, clame qu'elle "a rien à voir dans cette histoire, je lui demande pardon et je lui dis merci d’avoir élevé les gamins seule". Ils ont deux enfants . Depuis, Kharkhach est en prison. Il pleure derrière la vitre de son box.
Le président Périès suspend l'audience pour la pause de l'après-midi, et l'accusé Kharkhach est appelé à se relever pour répondre aux questions précises sur ces cartes qu'il a falsifiées. Quatorze cartes belges ont été fabriquées par des faussaires pour la cellule terroriste. Farid Kharkhach avoue n'en avoir fournies que trois à Khalid El Bakraoui. Et il affirme qu'il ne pensait pas que ce Bakraoui était radicalisé. Il prétend qu'il ne savait pas ce qu'était l'Etat islamique, car il ne regardait pas les infos, par phobie des mauvaises nouvelles. "Dommage que mon psychologue est mort sinon, il vous le dirait !", lâche-t-il.
Farid Kharkhach fait souvent sourire avec ses phrases. Il agace aussi les magistrats. L'avocat général du parquet national antiterroriste, Nicolas Braconnay, le met en difficulté : "Vous avez le record du nombre de versions, pourquoi autant de versions différentes ?" Kharkhach, qui a toujours réponse à tout, affirme que c'était par panique, quand des enquêteurs belges l'auraient menacé de placer son fils et d'envoyer son bébé en prison avec sa femme.
IF Que savait vraiment ce Farid Kharkash, qui est le seul d’ailleurs à ne pas connaitre les 13 autres accusés ?
MZ Pour l'avocat général ,il a aussi déclaré, dans d'autres circonstances, qu'il savait que Khalid El Bakraoui était radicalisé. "Ah, si j'ai dit ça, c'est vrai que y a un problème, j'avoue !",se désole Kharkhach, ses yeux ronds écarquillés derrière ses grosses lunettes.
Ses avocates tentent de voler à son secours. L'une d'elles fait remarquer à son client que quand on lui pose des questions à charge . Ses conseils insistent aussi sur ses phobies multiples, "des serpents, des abeilles, des lieux clos, et des mauvaises nouvelles".Kharkhach se met à pleurer une nouvelle fois à chaudes larmes, cette fois parce que son frère n'est pas venu témoigner. Puis il réclame "un détecteur de mensonges ou un sérum de vérité".
Un peu plus tôt, face à un avocat de parties civiles, il avait déclaré : "J'ai été lié mécaniquement à cette histoire et c’est dégueulasse pour moi. J’ai envie de me gifler.J’ai fait le con pour quelques centaines d'euros, y a eu des morts". "je regrette, je regrette sincèrement". Et Farid Kharkhach avait conclu sans rire : "Même si je suis acquitté, je vais vivre avec ça ! C’est un poids moral qui va peser sur moi toute ma vie !"
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