Benjamin Stora, historien spécialiste de la mémoire de la guerre d’Algérie, était ce mardi matin au micro d’Eva Soto à 8h35 dans le Morning de Radio J. À l’occasion des 60 ans de la signature des accords d’Evian, il a fait le bilan de la mémoire du conflit en France et en Algérie.
La France a commémoré ce samedi le 60ème anniversaire des accords d'Evian et du cessez-le-feu en Algérie, avec une cérémonie à l'Elysée où Emmanuel Macron a de nouveau plaidé pour un « apaisement » des mémoires. Soixante ans après, les plaies ouvertes par la guerre d’Algérie, ne sont pas refermées. Ce week-end, malgré l’invitation lancée à l’ambassadeur d’Algérie en France, il n’est pas venu aux commémorations organisées à l’Élysée. Le symptôme d’une difficulté à affronter son passé pour Benjamin Stora, auteur d’un rapport sur la mémoire de la guerre d’Algérie remis au Président de la République en janvier 2021. « Le gouvernement algérien a refusé de faire un rapport similaire au mien. La situation ne bouge pas et Emmanuel Macron continue de faire des gestes franco-français. Les Algériens ont un problème avec leur Histoire », a-t-il expliqué.
Pour autant, « la mémoire peut se faire uniquement côté français, des exemples témoignent des gestes fait en ce sens par le gouvernement comme le pardon donné aux harkis prononcé pour la première fois par un Président de la République », d’après l’historien.
En ce qui concerne les questions mémorielles pour les Juifs d’Algérie, l’enjeu mémoriel est de dépasser le tournant de cet exil. « La guerre d’Algérie a été le tournant pour beaucoup de Juifs qui étaient là-bas depuis des siècles, ils ont vécu un véritable arrachement en quittant l’Algérie. La guerre a également fait exploser l’échiquier politique français et c’est un traumatisme, elle a fait naître une nouvelle droite : le gaullisme », a affirmé Benjamin Stora.
Alexandra Senigou
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