Dix ans après les attentats perpétrés à Toulouse et Montauban et qui ont coûté la vie à Myriam Monsonégo, Gabriel, Arié et Jonathan Sandler, Imad Ibn Ziaten, Abel Chennouf et Mohamed Legouad, une cérémonie poignante en leur mémoire s’est tenue dimanche 20 mars à Toulouse en présence du Président de la République Emmanuel Macron et d’Isaac Herzog, Président de l’État d’Israël. Témoignage de l’amitié qui lie la France et Israël, leur présence conjointe marquait la volonté des deux chefs d’État de poursuivre leur lutte commune contre l’islamisme, le terrorisme, l’antisionisme et l’antisémitisme. Plus tôt dans la matinée, les deux hommes avaient déposé une gerbe dans la cour de l’école Ohr Torah (anciennement école Otzar Hatorah), au pied de l’Arbre de vie, un monument en hommage aux victimes.
Dans l’après-midi, une cérémonie officielle en mémoire des victimes s’est tenue à la Halle aux grains. Devant les anciens présidents François Hollande et Nicolas Sarkozy, ainsi que l’ancien Premier ministre Manuel Valls et le président du Sénat, Gérard Larcher, Emmanuel Macron a retracé les 3 actes de cette tragédie en rompant avec un discours convenu et timoré qui traduisait une véritable évolution du monde. Pour cela, il fera date. « Depuis dix ans, face au drame, face à la répétition, nous n’avons pas baissé la tête, nous n’avons rien cédé, rien abandonné, recherchant sans trêve l’équilibre entre la défense de nos libertés et le renforcement de notre sécurité, a déclaré le chef de l’Etat. Nous sommes là pour rappeler que la France et Israël sont ensemble déterminés à vaincre le terrorisme sous toutes ses formes et sur tous les fronts. Et que nous sommes déterminés à anéantir l’antisémitisme, y compris celui qui se cache sous le masque de l’antisionisme. » A ce titre, Emmanuel Macron a rappelé que le gouvernement avait fait dissoudre, le 9 mars dernier « deux collectifs antisémites, dont le collectif toulousain Palestine vaincra ».
Le président de la République a insisté sur le fait que « la France a combattu les terroristes en Syrie, au Mali », saluant les « soldats qui ont affronté la guerre loin de chez eux pour que nous puissions vivre en paix ». Qualifiant ce combat de « défi de nos générations », il a affirmé que la justice avait aussi été adaptée, en augmentant les peines et en renforçant les moyens et les coopérations. «Nous nous sommes attaqués à ceux qui, au nom d'une vision dévoyée de l'Islam, s'en prenaient aux principes, aux valeurs de la République pour la diviser, l'affaiblir ».
Au cours de son discours, le président de la République a associé le combat contre le terrorisme à celui contre l'antisémitisme, « c'est un combat existentiel pour ce que nous sommes parce que nous l'antisémitisme et l'antisionisme sont les ennemis de la République ». Une lutte qu'il dit également ancrée au coeur de la présidence française du Conseil de l'Union européenne. Dans cette optique, la France a, selon le chef d'Etat, oeuvré contre la haine et le racisme sur les réseaux sociaux, mais aussi adopté la définition de l'antisémitisme de l'Alliance internationale pour la mémoire de la Shoah, fin 2019.
Saluant la présence d'Isaac Herzog, le président de l'Etat d'Israël, à Toulouse, Emmanuel Macron a souligné son courage et son engagement « au nom de la paix, face à la guerre lancée en Ukraine par la Russie, pour chercher une médiation » et a également fait allusion aux Accords d’Abraham qui ont permis de pacifier les relations entre Israël et les Etats sunnites du Golfe notamment. Promettant que la France « se tiendra aussi comme une puissance d'équilibre », le chef d'Etat français a appelé de ses voeux la continuité de l'amitié qui est celle de nos deux nations.
Au travers de cet hommage aux victimes des attentats de 2012, Emmanuel Macron a voulu raviver le souvenir et refonder l’engagement à combattre de la France. « Nous sommes plus forts que les terroristes » a-t-il martelé. Parce que nous continuerons de transmettre ce que nous avons ensemble de plus précieux, la sève de notre République : la liberté, l'égalité, la fraternité ».
C’est aussi dans cette perspective qu‘ELNET organise dimanche prochain le cinquième sommet européen sur la radicalisation islamiste et la menace terroriste. Le terrorisme islamiste a malheureusement maintenu intacte sa capacité de nuisance alors que le procès historique des auteurs et complices des attentats du 13 novembre 2015 poursuit son cours. C’est un défi majeur pour notre communauté nationale que nous ne pourrons relever qu’en tirant le meilleur de cette épreuve collective et en mobilisant les énergies pour défendre les valeurs que nous avons en partage.
Arié Bensemhoun
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