L'officier belge de l’unité antiterroriste de la police fédérale de Bruxelles s’exprime par vidéo conférence. Il est question de la planque de la rue Max Roos à Bruxelles qui sera découverte après les attentats de Paris. A proximité de cette planque, un ordinateur a donc été retrouvé dans une poubelle. "Cette planque c'est de là où sont parti Ibrahim El Bakraoui, Najim Laachraoui et Mohamed Abrini le 22 mars 2016 pour les attentats de Bruxelles", nous raconte l'enquêteur. Selon lui les deux principaux utilisateurs de l'ordinateurs sont Ibrahim El Bakraoui (kamikaze) et Najim Laachraoui (dans le box).
Le policier belge évoque "plusieurs documentations, des milliers de pièces en lien avec le terrorisme (des écrits, des vidéos et des audios), un dossier intitulé "Moutafajirat" (qui signifie explosif en arabe) avec des fichiers textes. "Certains faisaient référence à des produits chimiques pour la confection du TATP". Ce dossier date du 18 octobre 2015.
Alors oui l’enquêteur parle aussi d’un nouveau fichier nommé "targets" ("cibles" en anglais) créé le 12 octobre 2015. II comprend plusieurs sous-dossier : Jeunesse catholique, royaliste, punk Petit peuple Education Aristocratie-Bourgeoisie Défense
Le troisième ficher "13 Novembre" créé le 7 novembre 2015. Il était lui-même composé de sous-dossiers que nous projette la Cour: "Groupe français", avec une photo du Bataclan : il peut faire référence au groupe du Bataclan. "Groupe irakiens" : il peut faire référence au groupe des terroristes du Stade de France. "Groupe Omar": il peut faire référence à Abdelhamid Abaaoud et donc au groupe des terrasses "Groupe métro", "Groupe Schiphol": l'hypothèse de vols ciblés à l'aéroport d'Amsterdam ( vols israéliens d’ailleurs cités !)
L'enquêteur va parler d’un fichier mp4 consulté le 7 novembre 2015 puis le 10 novembre 2015 qui propose une visite virtuelle du Bataclan.
Le 9 novembre 2015, des vidéos sur la mort en martyr ont aussi été ouvertes.
Enfin plusieurs images aériennes du Stade de France ont été retrouvées.
Par le dossier du groupe Schiphol : il explique que deux billets ont été réservés pour un aller simple de Bruxelles à Amsterdam le 13 novembre 2015 sous le nom des fausses identités des deux accusés.
Un trajet sera ensuite confirmé par Osama Krayem. Questionné sur un projet d'attentats le 13 novembre 2015, il répond : "Je ne pense pas." Il n’y avait aucun but dans ce voyage selon lui.
C’est Ibrahim El Bakraoui qui lui aurait demandé de se rendre à l'aéroport de Schiphol "pour aller chercher une information qu'il voulait tellement avoir".
"Il voulait que j'aille à l'aéroport pour voir si on trouvait des endroits avec des casiers/des consignes avec des codes clés avec un certain volume", avait déclaré Osama Krayem devant la juge d'instruction belge. Il expliquera aussi être parti sans arme et sans explosif. "L'objectif était d'aller voir et de revenir", a encore justifié l'accusé. "Mais on n'était pas partis avec des choses dangereuses", a déclaré Osama Krayem. "On n'avait rien avec nous, pas d'armes ni d'explosif", selon Sofien Ayari.
Krayem encore cité par l’enquêteur belge "on devait faire l’aller retour dans la journée". Pourquoi avoir acheté que des allers ? Étrange ce voyage. "On a retrouvé une carte approximative de la France localisant des lycées militaires. On a aussi retrouvé un document concernant des cibles potentielles pour la France comme la Tour Eiffel ou l'Euro de football", répond l'enquêteur au président.
Selon l’enquêteur ce sont des ouvriers de propreté qui ont découvert l'ordinateur dans une poubelle près de la planque. Après s'être aperçu que le PC était "plein de contenus de l'État islamique", ils l'ont ensuite remis à la police. Ils ont jeté un autre cassé .
L’enquêteur explique que tous les fichiers n'ont pas pu être retrouvés à cause du logiciel de cryptage.
Maître Chemla interroge l'officier de police belge sur ce deuxième ordinateur dans la poubelle et pourquoi il n'a pas été mentionné dans l'enquête. "Est-ce qu'on peut avoir une idée de ce qu'il y a dedans?", Non répond l’enquêteur. Avec sa question piquante "comment des éboueurs ouvrent un PC et tombent sur le bureau directement alors qu'on voit qu'il y a de multiples sécurités."
"Ils ont peut être pu l'utiliser cet ordinateur", imagine encore Olivia Ronen. "Est-ce qu'on peut exclure que ce sont les éboueurs qui ont effacé ces fichiers ?". Rires gênés de l'enquêteur. "C'est une pièce essentielle dans le dossier donc je suis très gênée", dit Olivia Ronen. C’est elle qui qualifie le PC "d'ordinateur conspiratif".
Quand à l’autre avocat de Salah Abdeslam, maître Vettes, il pose la question "peut on identifier Salah Abdeslam comme un membre des commandos du 13-Novembre dans l'arborescence du dossier "13 novembre" . "Vous n'avez pas de noms qui composent les groupes" finit par dire l’enquêteur. Bon point marqué par la défense !
Michel Zerbib
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