La coordination sécuritaire entre Israël et l'Autorité Palestinienne est l'un des premiers dispositifs mis en place entre les deux camps, et l'un des derniers à fonctionner totalement.
Depuis 1993, Tsahal et les services de sécurité palestiniens coordonnent leur activité, en fonction des zones sous leur contrôle respectif. On le sait, les territoires autonomes sont divisés en trois zones : la zone A, sous contrôle de l'Autorité Palestinienne. La zone B, où l'Autorité Palestinienne exerce un contrôle administratif, tandis que la sécurité est du ressort d'Israël et la zone C, celle qui comprend les implantations, entièrement sous contrôle israélien. Après 2005, la Bande de Gaza est passée sous contrôle sécuritaire palestinien, après le retrait unilatéral d'Israël. Et depuis 2007 et le renversement de l'Autorité Palestinienne par le Hamas, Israël n'a plus de coordination avec les milices palestiniennes dans le territoire côtier.
Pour ce qui est de la Judée Samarie, les patrouilles conjointes entre services palestiniens et forces de sécurité israéliennes ont totalement cessé avec l'éruption de la 2e Intifada au début des années 2000. En revanche, les services palestiniens, Tsahal et le Shin Beth restent en contact permanent. Des contacts au niveau local, mais aussi entre les responsables, comme le directeur des services de sécurité intérieure d'Israël qui peut même communiquer directement avec le chef de l'Autorité Palestinienne.
En ce qui concerne l'action sur le terrain, les services de sécurité préventive palestiniens en zone A, surveillent en permanence la reformation de cellules terroristes du Hamas, qui sont d'abord une menace contre le régime de Ramallah. Si Tsahal et le Shin Beth conduisent leurs propres opérations et collectes de renseignement, ils peuvent aussi bénéficier de ceux que leur transmettent les services de l'Autonomie.
Le point le plus délicat est l'entrée de forces israéliennes dans les agglomérations palestiniennes. Ces actions nécessitent une communication minimale avec les services palestiniens, de façon à prévenir des accrochages, tout en évitant que des informations ne parviennent aux terroristes recherchés. Il y a quelques mois, une opération d'arrestation israélienne à Naplouse avait failli tourner au bain de sang, quand des policiers palestiniens avaient ouvert le feu contre les soldats de Tsahal. Pourtant, il faut constater que ce genre d'incident est rarissime.
La confiance entre les deux camps est évidemment très fragile, d'autant que les services palestiniens sont vus avec défiance par leur population qui les considère parfois comme des collaborateurs d'Israël. Pourtant, les relations se poursuivent depuis plus de vingt-cinq ans, y compris lors des périodes les plus tendues de la 2e intifada et même lors d'opérations israéliennes contre le Hamas dans la Bande de Gaza, comme ce fut le cas lors de l'opération Bordure Protectrice de l'été 2014.
A de nombreuses reprises, Mahmud Abbas a brandi la menace d'une rupture de la coordination sécuritaire avec Israël. La mesure avait même été votée par le Conseil palestinien après la reconnaissance par les Etats-Unis de Jérusalem, comme capitale d'Israël. Mais elle était restée sur le papier.
Pascale Zonszain
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