Comme souvent la connexion vidéo va se faire avec Bruxelles pour entendre le premier témoin. Il s'agit de Mohamed Boutmaret, proche des frères El Bakraoui. Il a été jugé et condamné récemment dans le cadre d'une affaire relative à des achats d'armes et de munitions pour Khalid El Bakraoui. "Avez vous eu des échanges d'armes ou de munitions avec Mohamed Bakkali". "Non, pas du tout", répond Mohamed Boutmaret au président. Le témoin explique que Khalid El Bakraoui lui avait demandé d'acheter des chargeurs, qu'il a refusé et qu'il a envoyé quelqu'un d'autre. "A quoi pouvait servir ces chargeurs". Le témoin répond : "Khalid El Bakraoui m'a dit que c'était pour une œuvre d'art." Au grand étonnement du président Jean-Louis Périès .
Comme beaucoup de témoins, Mohamed Boutmaret n'avait pas remarqué la radicalisation de Khalid El Bakraoui. "J'étais choqué quand j'ai vu dans le journal qu'ils étaient partis se faire sauter dans le métro (attentats de Bruxelles du 22 mars 2016)". Le témoin étant auditionné à la demande de la défense, maître Rezlan, avocate de Mohamed Bakkali, prend la parole et demande à Mohamed Boutmaret de décrire Khalid El Bakraoui. "C'était un ami, un monsieur très gentil, brave", répond le témoin. L'avocate explique que le témoin était revenu sur la théorie de "l'œuvre d'art" lors de son procès. Le témoin feint de ne pas s'en souvenir. "Je trouve que vous avez des réponses un peu étranges", dit l'avocate.
"Lors de votre arrestation, vous auriez pu dénoncer Khalid El Bakraoui ?", demande l'avocate. "Non", répond le témoin. "Est-ce que vous auriez eu peur", relance maître Rezlan. "Oui, je sais de quoi il est capable … je ne vais pas vous faire un dessin", dit encore Mohamed Boutmaret. Maître Chataigner, avocat de Yassine Atar, fait remarquer que la qualification "terrorisme" n'a pas été retenue dans la condamnation de Mohamed Boutmaret en Belgique.
Maître Lefranc, avocat de Farid Kharkhach, demande quelle a été la peine ? "40 mois avec 5 ans de sursis", répond le témoin. Mohamed Arras, qui présente ses condoléances aux victimes des attentats, dit connaître Yassine Atar.
"Je n'ai pas compris ce qu'il fait là. C'est quelqu'un de joyeux, qui aime les voitures, qui a le cœur sur la main. Il aime plus s'amuser qu'autre chose", déclare Mohamed Arras. Ce témoin explique aussi qu'il n'avait pas noté de radicalisation chez Ibrahim El Bakraoui.
Maître Kempf demande au témoin la définition de la radicalisation. "C'est quelqu'un qui est islamiste, les gens qui partent en guerre", répond Mohamed Arras.
Alors Yassine Atar avait-il un intérêt pour ces choses là ? "Franchement, rien du tout. C'est quelqu'un qui aimait rigoler, qui voyait des filles", poursuit le témoin. Il dit ne jamais avoir parlé religion avec Yassine Atar.
"Je ne m'en souviens pas exactement, ça fait longtemps. Je n'ai jamais servi de voiture ouvreuse", affirme l'accusé.
Mais Abdellah Chouaa n'arrive pas à donner la raison pour laquelle il est allé à Charleroi. "Je ne me souviens plus, j'allais souvent à Charleroi. Peut-être pour rencontrer une fille."
Le président rappelle qu'il n'est resté que 13 minutes : "Ça ne fait pas beaucoup." "Peut être que je n'aimais pas la fille", répond l'accusé. Pourtant ils passé 5 appels à un homme en contact avec Salah Abdeslam, "ce n’était qu’un ami", se défend-il.
Le président demande ce que peut être la mission d'une voiture ouvreuse. "C'est une voiture qui ouvre la route, qui dit qu'il n'y a personne sur la route", répond l'accusé. "Mais je n'ai jamais servi de voiture ouvreuse, ni fermeuse (sic), c'est impossible", poursuit Abdellah Chouaa.
Maître Sorrentino explique que son client a fait l'objet d'écoutes téléphoniques entre le 6 décembre et le 24 décembre 2016 et qu'elles n'ont rien donné. Il ne s’intéressait qu’aux femmes .
Il s'agit de Mohamed Ezziani. Le témoin explique qu'il connaît Mohamed Bakkali. Il est poursuivi dans un dossier parallèle pour fourniture d'armes.
Mohamed Ezziani "dans toute cette affaire, je n'ai rien à voir, pratiquement rien à voir. On a fait comme si j'étais un chien … Je suis là contre une personne qui m'a mis dans cette merde, monsieur Bakkali."
"Si c'est lui, de son côté, qui fait des trucs, pourquoi il vient me parler ? Moi comme un con, je lui parlais mais je savais rien. J'ai une haine contre lui", dit encore Mohamed Ezziani, très énervé.
Selon les enquêteurs, Mohamed Bakkali aurait sollicité Mohamed Ezziani pour se fournir en armes. "Il m'a demandé si je connaissais des gens qui pouvaient trouver des kalachnikovs. Moi, ça m'a choqué", poursuit Mohamed Ezziani
Mohamed Ezziani a évoqué Ibrahim El Bakraoui. "Au moins, lui gardait une distance avec moi", dit le témoin. "Pas comme l'autre con", dit encore Mohamed Ezziani qui a eu beaucoup de contacts avec Bakkali. "Je suis quelqu'un qui ne réfléchit pas, je suis tellement con, gentil, naïf. Mais quand on me cherche, je suis méchant", poursuit le témoin. "Je n'ai plus envie de parler", le témoin pleure. Le président propose une pause.
L'assesseure peine à poser ses questions, le témoin coupe sans cesse la parole et répète les mêmes propos vulgaires en boucle. Le témoin est toujours énervé et coupe sans cesse les questions. "Je n'ai jamais dit à la justice que j'étais connu pour des braquages. Par contre pour des bagarres, oui", dit-il encore.
Alors Maître Rezlan, avocate de Mohamed Bakkali, prend la parole : "J'ai bien entendu votre rancœur. Mais elle lui demande pourquoi il a qualifié Mohamed Bakkali de 'cerveau des attentats'". "Ils l'ont dit à la télé", répond Mohamed Ezziani qui s’emporte.
"À votre place, je serai gêné de défendre des personnes comme ça, je ne vais même plus répondre à vos questions", s'énerve Mohamed Ezziani contre maître Rezlan. Le président demande un effort au témoin. "Je ne suis pas bien dans ma tête, je ne veux plus parler, c'est fini", dit encore le témoin. Encore une question à l’homme qui n’en peut plus. Était-ce étonnant que Mohamed Bakkali cherche des armes ? "Ça m'a étonné. Il n'avait pas le profil pour parler de ça", répond Mohamed Ezziani.
Michel Zerbib
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