Cela faisait plusieurs années qu'Israël n'avait plus enregistré autant de victimes du terrorisme en un mois. Les forces de sécurité s'étaient préparées à un réchauffement sur le front de Jérusalem, alors que le mois de mars avait commencé avec six attaques à l'arme blanche, en vieille ville et dans le nord de la capitale, perpétrées par des résidents arabes de Jérusalem. Mais la violence la plus meurtrière s'est manifestée ailleurs : à Beer Sheva, Hadera et Bnei Brak. Et ses auteurs étaient un Bédouin israélien du Néguev, deux Arabes israéliens du nord du pays et un Palestinien. Comme l'auteur de l'attaque à l'arme blanche hier dans le Gush Etsion.
Et cette série d'attaques n'a pas été alimentée par des tensions autour des lieux saints musulmans de Jérusalem, comme on aurait pu s'y attendre, mais par des terroristes radicalisés par une idéologie islamiste plus globale. Ce qui n'annule pas le risque que le mois du Ramadan, qui s'ouvre ce weekend et qui peut reproduire le scénario d'escalade de l'année dernière. La marge de manœuvre est donc délicate. Les dirigeants israéliens ont tenté au cours des dernières semaines de désamorcer la situation en allant justement en sens inverse, comme en témoignent notamment les contacts avec le chef de l'Autorité Palestinienne et les visites à Amman de plusieurs membres du gouvernement israélien, jusqu'à la visite avant-hier du président Herzog, reçu par le roi Abdallah de Jordanie. L'objectif était d'encadrer les conditions d'accès des fidèles musulmans palestiniens aux mosquées du Mt du Temple, d'autant que les deux années de Covid avaient considérablement réduit l'activité et les capacités d'accueil des lieux saints. Les fidèles de plus de 60 ans pourront accéder librement au Mt du Temple, ceux âgés de 45 à 60 ans devront obtenir un permis d'entrée. Trois mille policiers vont être déployés dans la capitale et en particulier sur les sites sensibles, à commencer par la vieille ville. Selon le déroulement de cette première journée, le dispositif pourra évidemment évoluer, considérant que des incidents violents à Jérusalem serviraient de carburant aux actes terroristes, individuels ou émanant d'organisations comme le Hamas ou le Jihad islamique.
Les effectifs des forces de sécurité vont d'ailleurs se retrouver en tension maximale. Ce qui explique que le ministre de la Défense ait autorisé les soldats de Tsahal des unités combattantes à sortir de leur base avec leur arme. Quant au Premier ministre, il a appelé tous les Israéliens ayant un permis de port d'armes, à circuler avec leur arme de poing personnelle. En dernier ressort, on a vu que des interventions de civils armés ont permis de neutraliser des terroristes en action avant l'arrivée de la police, comme cela a été le cas à Beer Sheva et aussi hier dans le Gush Etsion. Les anciens membres d'unités commando de Tsahal ont également été encouragés à se porter volontaires pour assister les forces de police. Cela dit, la vigilance du public peut aussi faire la différence, en permettant d'alerter rapidement les services de sécurité en cas d'attaque.
Mais l'essentiel de la charge reste sur les épaules des différentes forces de défense, à la fois en protection des agglomérations, mais aussi en action proactive dans les territoires palestiniens ou partout où se préparent des actions terroristes. Pour l'instant, il n'y a pas d'alerte spécifique, mais un climat général qui va exiger une vigilance renforcée.
Pascale Zonszain
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