Faut il montrer les vidéos insoutenables du massacre du Bataclan ? La chronique de Michel Zerbib

France.

Faut il montrer les vidéos insoutenables du massacre du Bataclan ? La chronique de Michel Zerbib
(Crédit : Twitter)

Comme Hamza Attou, qui comparaît libre, Abri est jugé pour "recel de terroriste" pour avoir ramené Salah Abdeslam de Paris à Bruxelles au lendemain des attaques. Mais il est également accusé "d’association de malfaiteurs terroriste" et encourt vingt ans de prison. Ce Belgo-Marocain de 33 ans, ami fidèle des frères Abdeslam, travaillait pour Brahim, l’aîné, au café des Béguines à Molenbeek. Il a également loué une voiture pour Salah Abdeslam et qui a servi à transporter des membres de la cellule. Lui parle mais difficilement. Sans rien nous apprendre. Le président l'interroge par exemple sur un voyage rapide qu'il a effectué avec Hamza Attou le 11 novembre en Allemagne. "Monsieur le président, je préfère pas en parler, par respect", dit l'accusé. "J'ai vécu un traumatisme, pour pas dire un choc.. je ne savais pas que la voiture allait servir pour les attentats, je l'ai appris bien après..."

L'avocat général revient sur le voyage en Allemagne qu'il a effectué avec Hamza Attou deux jours avant les attentats, il dit comprendre sa pudeur mais précise qu'il va peut-être "falloir mettre la pudeur de côté" pour comprendre. "Cet aller-retour nous interroge parce qu'il se situe à un moment clé", explique Nicolas Braconnay. "C'était des potes, je croyais que c'était des potes, Peut-être que c'est à cause d'eux que je suis dans cette affaire", répond l'accusé. Me Maktoub, avocate de parties civiles, lui demande s'il a peur de "balancer" quelqu'un. Mohammed Amri lui explique qu'il faut savoir que dans les quartiers "on ne balance pas". Elle lui demande donc s'il ne "balancera pas". Il hésite avant de répondre : "Ca dépend."

Le président annonce qu'on va donc poursuivre "si j'ose dire" les interrogatoires. Il sait que les prochains accusés qui doivent être entendus ont fait le choix de garder le silence. Dans le box, l'accusé reste assis, bras croisés Mohamed Bakkali. Ce Belgo-Marocain de 34 ans est jugé pour "complicité de meurtres en relation avec une entreprise terroriste" et "association de malfaiteurs terroriste criminelle", lui aussi risque la prison à perpétuité. Le président va donc lui-même égrener les faits et gestes de l'accusé dans les jours qui ont précédé les attentats avant de demander aux uns et aux autres s'ils ont des questions. Non ! Personne ne s’y essaye.

Puis la cour se tourne vers Sofien Ayari jugé pour "complicité de meurtres en relation avec une entreprise terroriste", ce Tunisien de 28 ans encourt la prison à perpétuité. Le président évoque le voyage à l'aéroport de Schipol, aux Pays-Bas, de Sofien Ayari et Osama Krayem, en bus, le soir du 13 novembre. Il précise que dans l'ordinateur retrouvé rue Max-Roos, un fichier correspondant à un "groupe Shipol" existait et qu'il avait été consulté le 11 novembre.

"Mais je n'aurais pas de réponse, j'ai bien compris", admet Jean-Louis Périès.

Sofien Ayari et Osama Krayem  apparaissent sur les écrans de la salle d'audience. Les deux hommes ne sourcillent pas quand le président répète qu'il aurait aimé avoir des réponses sur leur mystérieux voyage à Schipol. (attentat contre un avion de EL AL peut être). Ils ne diront rien. 

Je vous le résume : l'association Life for Paris a formulé la demande de diffusion début mars. "Un procès d'assises c'est d'abord montrer la scène de crime (...) cela a un intérêt, ces photos, ces extraits", dit l’avocat  en précisant qu'il ne veut pas "d'affrontement" sur la question.

« Il n'est pas question de passer l'après-midi à regarder des photos macabres » , explique l'avocat qui dit avoir fait une sélection de photos .Au procès de Nuremberg, les images font preuve", dit-il, expliquant que cette "confrontation avec l'atrocité" peut aider à la manifestation de la vérité.

Me Szwarc prend désormais la parole au nom des parties civiles qu'elle représente. Le choix de ne pas diffuser les images et le son de l'attaque est incompris par plusieurs d'entre elles selon l'avocate. "Ce côté aseptisé, elles en souffrent"

« On ne peut pas se faire l'économie de ce fragment de réel qu'est l'enregistrement sonore, la violence, il faut la voir. » Pour Me Truong, avocate de parties civiles.

Un avocat fait valoir un avis divergeant "au nom d'une partie civile" qu'il représente. Il s'interroge sur la nécessité de la diffusion de ces images pour la manifestation de la vérité.

« Il y a une différence entre la manifestation de la vérité et de la réalité, la réalité, c'est que ces victimes sont mortes », pour Me Mouhou, avocat de parties civiles qui s'oppose à cette diffusion. « Ce n'est pas un spectacle. »

Camille Hennetier, au nom du parquet antiterroriste, dit ne pas avoir "d'opposition" à cette diffusion mais elle souligne qu'elle doit respecter la dignité des personnes.

Après une suspension, le président Périès  rend sa décision quant à la diffusion d'images du Bataclan : il annonce que ce vendredi en début d’audience seront projetées « quelques photographies » et des passages d’un enregistrement sonore et non l’intégralité.

Le président prévient également des mesures de précaution renforcées pour éviter les fuites et appelle les gendarmes à avoir une grande vigilance pour que des photos ne soient pas prises.

https://youtu.be/HKHDw68a2rk

Michel Zerbib

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