Prévenir ou freiner l’évolution de la DMLA, la chronique du docteur Serge Rafal

France.

Prévenir ou freiner l’évolution de la DMLA, la chronique du docteur Serge Rafal
(Crédit : DR)

L’augmentation de l’espérance de vie a pour corollaire l’apparition de nombreuses pathologies liées à l’âge. Et parmi celles-ci, la DMLA, fréquemment observée chez les plus de 65 ans et qui concerne 15% des octogénaires. Tout doit être mis en œuvre pour essayer d’en retarder l’apparition ou d’en amoindrir les conséquences.

Au centre de la rétine se trouve une petite région, d’un diamètre d’environ 5 mm, la macula. C‘est elle qui nous permet de voir avec une grande précision. Elle est donc primordiale pour la lecture et l’écriture, les fins travaux manuels, la distinction de l’expression des visages. Or, la maladie induit une dégradation progressive de cette zone très précieuse, ce qui entraîne une déformation des lignes (1er signe qui se manifeste) et une perte d’acuité, accompagnées d’un léger flou (un scotome) au centre mais sans que longtemps la vision périphérique soit affectée. Le diagnostic est confirmé par un examen OPH qui confirme la présence de dépôts blanchâtres ou jaunâtres, les drusens, précisément sur la macula. L’évolution est progressive, lente mais inéluctable. Le patient s’adapte et ne se rend pas toujours compte immédiatement de la maladie qui s’installe. Mais parfois malheureusement, la perte de la vision est rapide avec baisse du contraste, de l’acuité, de la luminosité, des couleurs.

Le diagnostic se fait par un examen rapide, indolore, non invasif et sans contact qui complète le FO et tend à remplacer l’angiographie, l’imagerie OCT (tomographie par cohérence optique) : elle permet d’observer la rétine et par conséquent de diagnostiquer et suivre facilement l’évolution de la DMLA.

2 formes de la maladie : la forme sèche, la plus courante, environ 80% des cas, correspond à la perte progressive de cellules de l’épithélium pigmentaire rétinien, puis de cellules photoréceptrices. Il en résulte des « trous » dans la macula. La forme humide ou néovasculaire, consiste en une prolifération anormale de nouveaux vaisseaux au sein de la rétine, parfois responsable d’hémorragies.

L’âge constitue la cause principale de la maladie, la génétique intervient également (risque X par 4 si un parent est atteint), le tabagisme (risque X par 3 voire 6), la présence de comorbidités bien connues maintenant depuis le début de la pandémie (obésité, syndrome métabolique, diabète), une mauvaise hygiène de vie. Certains pensent qu’elle pourrait être d’origine virale, le même que celui de l’herpès ou de l’Ebstein-Barr (responsable de la MNI) mais sans certitude absolue pour le moment. 

Une bonne hygiène de vie retarde semble-t-il son apparition et ralentit son évolution : - Une alimentation de qualité, avec bien sûr le régime méditerranéen, riche en antioxydants (caroténoïdes, vitamines C et E, Zn) et en oméga-3 ; - Une bonne hydratation ne doit pas être négligée ; - L’activité physique réduit, elle, l’inflammation et permet une meilleure récupération. Des études confirment d’ailleurs l’intérêt de l’activité physique, avant des séances de laser ou les injections intra-vitréennes.

Contre la cataracte, il faut éviter l’ensoleillement intense et ne pas sortir sans lunettes filtrantes. Et faire également attention à la lumière artificielle des écrans et des leds qui favoriseraient son apparition et l’aggravation.

La forme humide se traite par des injections sous anesthésie locale, d’antifacteurs de croissance (anti-VEGF) dans l’œil. Ils stoppent l’évolution de la maladie, la font parfois régresser mais ne la guérissent pas définitivement. Le laser n’a pas non plus d’action véritablement curative. En attendant peut-être l’implantation d’une rétine artificielle : des essais et des études sont en cours.

Erik Satie disait « Si vous voulez vivre longtemps, vivez vieux ». Certes mais en essayant au maximum d’éviter ces pathologies du vieillissement dont la DMLA, une de celles que craignent le plus les patients avec ses conséquences parfois terribles sur la vue.  

Docteur Serge Rafal

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