Gouvernement Bennett : sursis ou survie ?

Israël.

Gouvernement Bennett : sursis ou survie ?
(Crédit: chaîne de la Knesset)

Il n'y aura finalement pas eu d'effet boule de neige. Huit jours après le départ d'Idit Silman, la présidente du groupe parlementaire de la majorité vers les bancs de l'opposition, Naftali Bennett n'a pas perdu d'autre député de son parti, ni de sa coalition. Le chef du gouvernement israélien peut cocher une semaine de plus sur son calendrier politique, mais sait qu'il devra désormais naviguer à vue.

L'obstacle majeur, on le sait, c'est cette égalité à la Knesset, 60-60 entre les élus de la coalition (il parait incongru de parler de majorité) et ceux de l'opposition. Les chefs des partis de la coalition se sont réunis cette semaine avec le Premier ministre pour recalculer leur itinéraire. La priorité sera de préparer un budget pour 2023, en espérant pouvoir trouver la voix qui manque pour le faire passer, si possible durant la session d'été ou à l'automne, en tout cas sans attendre le dernier moment. Sans budget de l'Etat pour l'année en cours avant le 31 mars, le parlement est automatiquement dissous. Donc, sous réserve d'autres écueils sur sa route politique, le gouvernement israélien a intérêt à s'assurer au plus vite de sa survie pour l'année 2023, puisque le budget 2022 lui, avait été adopté l'automne dernier. Son deuxième objectif sera de faire adopter la loi interdisant à un élu sous le coup d'une inculpation au pénal de former un gouvernement, ce qui pourrait barrer la route à un retour de Benyamin Netanyahou. Mais là, le projet semble plus hasardeux.

Dans le même temps, il va lui falloir rétablir une discipline interne. Et cela dépend des huit partis qui forment la coalition, et qui devront chacun veiller à ce qu'aucun de leurs élus ne fasse cavalier seul. Et là, ils sont tous concernés, à commencer bien sûr par les élus de Yamina, le parti de Naftali Bennett, mais il y a aussi les risques de dissidence au coup par coup chez les autres partenaires, à gauche, à droite et au parti islamiste.

Il faut aussi rétablir la confiance du public. Ce que Naftali Bennett a tenté de faire cette semaine par son blitz médiatique, en accordant des interviews aux trois principales chaines de télévision. Le chef du gouvernement israélien a reconnu ses erreurs de navigation, le fait qu'il n'ait pas assez expliqué sa politique, et qu'il n'ait pas non plus pris plus au sérieux les cas de conscience de ses colistiers.

Le tout dans le contexte sécuritaire que l'on connait. La résurgence des attentats terroristes depuis le mois de mars, le réveil de la violence dans les territoires autonomes et les risques accrus d'escalade face au Hamas et au Jihad islamique, tout cela alimente un climat anxiogène qui place le gouvernement dans une position difficile. En frappant trop fort contre le terrorisme, il risque de déclencher une nouvelle confrontation. Mais s'il reste prudent, il risque d'apparaitre trop faible et de faire le jeu de l'opposition de droite.

Et surtout, il faut que l'ensemble des partenaires de la coalition soient déterminés à y rester. Pour les partis de gauche, la question ne se pose pas. Car des élections les renverraient dans l'opposition. Pour les autres, l'option d'une alliance alternative à droite autour du Likoud n'est pas exclue, même si l'on voit mal à ce stade comment ils accepteraient ce qu'ils avaient refusé il y a dix mois : siéger autour de Benyamin Netanyahou. Si la situation sécuritaire ne se dégrade pas davantage, la semaine de Pessah pourrait leur donner le temps de la réflexion.

Pascale Zonszain

pzoom150422

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