C’est un thème que j’ai déjà abordé à plusieurs reprises pour des raisons bien sûr personnelles mais également médicales puisque l’espérance de vie qui augmente dans les pays occidentaux expose à la survenue plus fréquente de maladies neuro-dégénératives liées à l’âge, dont bien sûr la redoutée et redoutable maladie d’Alzheimer.
Le vieillissement de la population est une réalité. Au 1er janvier 2020, les personnes âgées d'au moins 65 ans représentaient 20,5% de la population (soit 13 millions de personnes). Elles devraient atteindre d’après les prévisionnistes autour de 30% en 2050, soit environ 22 millions de personnes. Et qui dit vieillissement sous-entend, l’augmentation des maladies neurodégénératives et son corollaire le déclin cognitif, qui fait partie de la maladie d'Alzheimer.
Elle touche autour de 1,2 million de personnes en France dont seulement 750 000 sont diagnostiquées avec certitude. Elle fait l’objet de recherches incessantes de la communauté scientifique, donc de progrès dans sa compréhension et bientôt nous l’espérons dans ses traitements. Elle se caractérise par une perte progressive de la mémoire et de certaines fonctions intellectuelles dites de cognition : - Troubles du langage ; - Non-reconnaissance des objets ou des personnes ; - Perte des fonctions exécutives. Cette évolution est toutefois variable chez chaque individu et d’un individu à l’autre, les symptômes n’apparaissant pas tous dans le même temps et avec la même intensité. Mais elle conduit inéluctablement à une détérioration de la qualité de vie et de l’autonomie.
Il s’agit d’une maladie plurifactorielle complexe indiscutablement liée à l’âge. Il existe des prédispositions génétiques qui augmentent sa survenue : un gène sur le chromosome 19 est à présent identifié, c’est le plus connu. On retrouve également des facteurs de risque vasculaires, qui non traités viennent déclencher ou aggraver le déclin cognitif. Et des facteurs sociaux démographiques (mode de vie, état de santé) et environnementaux (lieu de vie) qui eux-aussi interagissent.
Des chercheurs de l’Université Harvard de Boston, ont suivi 75 000 femmes pendant 20 ans. Ils ont constaté que la diète méditerranéenne réduisait de 30% le risque d’l’IDM, de 13% celui d’AVC, de près de 40% le risque global de décès… et qu’elle protégeait en outre des déclins mnésiques et cognitifs. Pour mémoire, la diète méditerranéenne, dont nous parlons régulièrement dans cette rubrique, est inscrite depuis 2010 par l’Unesco au patrimoine immatériel de l’humanité. Cette façon de s’alimenter est la plus célèbre chez nous par son efficacité, ses proximités géographique et culturelle et nos habitudes communes. Elle est surtout réputée pour son action protectrice des maladies cardio-vasculaires… mais aussi neurodégénératives donc l'Alzheimer.
Plus récente, elle a été réalisée à Chicago, a inclus 2500 personnes, âgées de 65 ans et plus. Elle nous apprend qu’une diète méditerranéenne modifiée, appelée régime MIND (pour Mediterranean-Dash Intervention of Neurodegenerative Delay, excusez l’accent très peu Shakesperien), réduit de 53% le risque de développer la maladie d'Alzheimer. La confirmation a été apportée par les autopsies cérébrales réalisées sur plus de 500 personnes engagées dans cette étude depuis 2004.
Le régime MIND mêle les grands principes du méditerranéen au régime DASH (Dietary Approaches to Stop Hypertension), le plus efficace pour contrôler l’hypertension artérielle. Il met en avant certains aliments : baies et fruits rouges et bleus, céréales complètes, épices et herbes (cannelle, curcuma, thym…), légumes verts et à feuilles, légumineuses, oléagineux, poissons gras. Il encourage la consommation de temps en temps de fromages affinés, de viande et de vin rouge. Et proscrit les fritures, les pâtisseries sucrées et plats industriels (gras et salés).
Les conseils ne sont pas uniquement alimentaires, ils n’en sont qu’une composante certes importante mais non exclusive. Interviennent également l’activité physique et intellectuelle, l’arrêt total du tabac et la consommation modérée d’alcool (vin rouge riche en polyphénols).
Les résultats sont spectaculaires : 3,1 années de vie supplémentaires pour les femmes qui ont adopté au moins 4 de ces éléments, un bonus de 5,7 années pour les messieurs… Et peut-être un retard d’apparition de la maladie d'Alzheimer.
Même si comme pour le célèbre philosophe stoïcien romain, Sénèque, nous passons : « La plus grande partie de notre vie à mal faire, une grande partie à ne rien faire et le reste à faire autre chose que ce que l’on devrait », nous n’avons qu’une vie et devons tout faire pour la prolonger… en bonne santé, en attendant les progrès qui ne vont pas manquer pour prévenir ou traiter cette terrible maladie d'Alzheimer, pour le moment incurable et redoutée.
Docteur Serge Rafal
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