Il y a quelques semaines, le parti Ra'am avait suspendu sa participation à la coalition, sur fonds de tensions sur le Mt du Temple. La décision de Mansour Abbas, prise en coordination avec les leaders de la coalition, Naftali Bennett et Yaïr Lapid, avait permis au parti islamiste de ne pas se retrouver en porte-à-faux entre le gouvernement et sa base électorale. Et ce pas de côté restait sans conséquence politique, puisque la Knesset était en vacances. Mais ce sursis se rapproche de son terme, car le parlement israélien doit reprendre ses travaux le 9 mai.
Hier, pour le Yom Haatsmaut, la police avait autorisé quelque 950 visiteurs juifs à se rendre sur le Mt du Temple, resté fermé durant deux semaines. Plusieurs groupes se sont succédés, étroitement encadrés par les policiers, ce qui n'a pas empêché des émeutiers arabes de lancer dans leur direction des pierres et des bouteilles, avant de se barricader à l'intérieur de la mosquée Al Aqsa, selon le scénario désormais habituel. La police a procédé à une vingtaine d'interpellations. En prévision de l'événement, le Hamas avait appelé dès le début de la semaine les Arabes de Jérusalem et les Arabes israéliens à faire barrage à l'entrée des visiteurs juifs, assurant que ce serait le "détonateur d'une nouvelle confrontation". Et le mouvement islamiste palestinien poursuit son entreprise de propagande, accusant Israël de vouloir diviser le Mont du Temple pour y autoriser les prières juives, ce que démentent constamment les autorités israéliennes, qui assurent que le statu quo reste inchangé sur le site.
Dans le même temps, la direction du parti Ra'am se déchire sur la marche à suivre. Certains membres du conseil de la Choura, l'organe religieux décisionnaire, appellent à une réunion d'urgence du conseil pour ordonner le départ définitif du parti islamiste de la coalition, et ce alors que son leader, Mansour Abbas se trouve justement à l'étranger. Le parti ne compte que quatre députés, mais son retrait de la coalition la laisserait dans une minorité intenable, alors qu'elle est déjà à égalité 60-60 avec l'opposition, depuis le départ de la députée Yamina Idit Silman, il y a exactement un mois. Et il y a quelques jours, le leader du Hamas à Gaza, Yahia Sinwar, dans sa première allocution publique depuis la confrontation avec Israël en mai dernier, s'en était pris personnellement à Mansour Abbas, qu'il accusait d'avoir trahi la cause arabe et palestinienne en faisant alliance avec des partis sionistes et l'appelait à quitter la coalition.
Les pressions internes et extérieures devraient donc s'intensifier dans les jours à venir sur le patron du Ra'am, qui cherche encore à éviter les écueils. Mansour Abbas avait tenté de calmer les tensions autour du Mt du Temple en discutant successivement avec le chef de l'Autorité Palestinienne et aussi avec le roi de Jordanie, dont il avait relayé au chef du gouvernement les demandes de renforcer le rôle du Waqf, l'administration religieuse des lieux saints musulmans. On a également évoqué une possible médiation du président Herzog, qui pourrait organiser un sommet avec des dirigeants arabes pour désamorcer les tensions, ce que le bureau du président israélien avait catégoriquement démenti. En tout cas, avec la fin de la trêve politique, le dossier explosif du Mt du Temple pourrait redevenir un enjeu vital pour la survie du gouvernement de Naftali Bennett.
Pascale Zonszain
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