Le diabète touche actuellement autour de 600 millions de personnes sur la planète contre 110 millions seulement en 1980. Et si on ajoute les 200 millions qui vivent avec cette maladie sans le savoir, nous arrivons au nombre effarant de 800 millions de diabétiques dans le monde, ce qui constitue de loin la première pandémie non-infectieuse, responsable d’un décès toutes les 6 secondes dans les pays où l’alimentation est trop abondante, de mauvaise qualité, mal équilibrée.
On estime le nombre des diabétiques traités à 3 millions et demi de personnes auxquelles il faut rajouter entre 500 et 900 000 Français paucisymptomatiques, ce qui fait un total d’environ 4 millions et demi de personnes.
Ces chiffres tiennent principalement aux modifications du mode de vie (alimentation déséquilibrée, sédentarité) et leur corollaire, la progression linéaire de l’obésité.
Pour être simple, voire simpliste, le diabète se caractérise par un excès de sucre, de glucose dans le sang ou hyperglycémie chronique. Il s’agit d’un trouble de l’assimilation, de l’utilisation et du stockage des sucres apportés par l’alimentation. Normalement, le pancréas sécrète une hormone, l’insuline, qui permet au sucre de quitter le sang et de pénétrer dans les cellules. Dans le diabète, ce mécanisme de régulation ne fonctionne plus : - soit parce qu’il n’y a pas d’insuline, détruite par un phénomène auto-immun, j’y reviens très vite ; - soit parce qu’elle n’est pas fabriquée en quantités suffisantes ou qu’elle ne fonctionne plus, ce que nous appelons l’insulinorésistance.
On définit le diabète par une glycémie à jeun égale ou supérieure à 1.26 g/l, à deux reprises, ou égale ou supérieure à 2 g/l, à n’importe quel moment de la journée.
2 types principaux, les diabètes de type 1 (= 6% des cas) et 2 (92% des cas) et quelques formes très exceptionnelles. Le DT1 est aussi qualifié de diabète maigre ou juvénile. C’est une maladie auto-immune dont on s’explique mal la destruction des cellules pancréatiques. On retrouve une prédisposition génétique et des antécédents familiaux dans 10% des cas. Le DT1 apparaît dans l’enfance, donc beaucoup plus tôt que le type 2, il concerne environ 300 000 personnes en France. Le traitement repose sur des injections quotidiennes de l’insuline manquante, à l’aide d’une seringue ou d’un stylo connecté ou d’une pompe. Les boucles fermées, qui couplent précisément cette pompe à insuline à un capteur de glycémie en continu, constituent un progrès indiscutable dans la surveillance et l’observance. En attendant un vaccin qui pourrait un jour prochain, protéger les enfants génétiquement prédisposés à développer cette maladie.
Par opposition au précédent, il est dit diabète gras ou de la maturité. Mais attention : les adolescents et les adultes jeunes étant de plus en plus gros et sédentaires, il commence à se voir chez des sujets de moins de 30 ans, voire des adolescents. Mais le DT2 apparaît généralement plus tard, après 40 ans, souvent de façon insidieuse. La cause est ici métabolique par surcharge pondérale ou obésité et sédentarité. L’insuline, trop sollicitée par des écarts de régime, n’arrive plus à faire pénétrer le sucre dans les cellules, ce qui entraîne l’hyperglycémie chronique.
Avec des complications puisque le sucre dans le sang altère à la longue les vaisseaux sanguins et les nerfs (neuropathie). C’est ainsi qu’il peut être responsable de cécité (par rétinopathie), d’amputations aux membres inférieurs (par artériopathie oblitérante), d’infarctus et d’accidents vasculaires cérébraux, de troubles de l’érection, d’insuffisance rénale (c’est la 1ère cause d’IR terminale) qui définissent et font la gravité de la maladie diabétique.
Le traitement du DT2 repose d’abord sur des mesures hygiéno-diététiques (régime alimentaire, activité physique), ensuite sur des médicaments, les antidiabétiques oraux. A terme, ce diabète, peut également nécessiter le recours à l’insuline.
Proust avait bien raison qui écrivait « Un peu de sucre n’empêche pas la vie de continuer pour celui qui ne s’en aperçoit même pas alors que seul le médecin y voit la prophétie de catastrophes… ». Le diabète, c’est exactement cela, longtemps le plaisir des douceurs puis fâcheusement le temps des drames.
Docteur Serge Rafal
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