Il se passe en Israël des choses qu'on n'aurait même pas imaginées en cauchemar. Le gouvernement de coalition était en haleine ces dernières 48 h pour savoir si le conseil de la Chura, le conseil politico-religieux qui régit la communauté musulmane, avait décidé de continuer ou pas à le soutenir par l'intermédiaire du Parti des Frères musulmans, Ra'am. Car les Frères musulman font la décision dans la vie parlementaire israélienne aujourd'hui et aucune de ses décisions n'échappe à ce conseil! En somme la Knesset est surplombée par l'achoura mais pas par le Conseil des Sages de la Torah (remarquons à ce propos que la gauche laïciste n'y trouve rien à redire, tant que ce sont pas des Juifs)... Et ce n'est pas tout. Leur chef, Mansour Abbas est allé prendre conseil auprès du roi de Jordanie pour qu'il gère le Mont du Temple après les émeutes d'Al Aqsa, puis il est parti quelques jours à Istanbul pour prendre ses directives auprès de Erdogan, leader de l' internationale des Frères musulman, puis il est rentré en Israël pour mettre en œuvre leurs directives depuis les bancs de la Knesset!
Il n'y a pas que les Frères musulmans à faire la pluie et le beau temps de la politique d'Israël. Il y a aussi le parti des nationalistes palestiniens, la Liste arabe unifiée, qui ne reconnaissent pas le pays dont ils sont les représentants. Eux prennent leurs ordres auprès de la Moukata, l'Autorité palestinienne qui a tout intérêt à ce que se perpétue la coalition de bric et de broc qui gouverne sous la houlette d'un président issu d'un parti qui compte 6 députés sur 120... La veille quand Ra'am était absent de la session parlementaire et qu'un doute planait sur son vote, c'est La liste unifiée qui devait soutenir la coalition bien qu'elle ne la soutient en rien. En un mot, le pouvoir israélien est gouverné par les Frères musulmans et les nationalistes palestiniens!
Ce spectacle cauchemardesque se déroule sous la menace de guerre sainte agitée par les islamistes israéliens à Al Aqsa, et dont les Frères musulmans sont les porte paroles, une guerre dans laquelle la Jordanie joue un rôle très ambigu, elle qui avait profané les lieux saints juifs quand elle occupait la Judée et la Samarie. La conclusion de ces affrontements? Le renforcement de la police du Waqf demandée par la Jordanie... De facto, on peut se demander si Israël a déjà perdu la souveraineté sur le Mont du Temple et par ricochet sur Jérusalem? Même situation à Gaza ou Israël laisse subsister le pouvoir terroriste qui tient les fils de la marionnette en Judée Samarie et parmi une bonne part des Arabes israéliens, au risque de lui conférer la capacité de décider de l'usage de la violence et de la menace...
Pour compléter ce tableau inquiétant, en pleine vague de terreur - 19 assassinats de sang froid à l'occasion du Ramadan. Un sondage vient de paraitre, qui montre que 66% des Israéliens n'ont pas confiance en la police qui a montré son absence dans l'insécurité générale qui s'est installée depuis plusieurs mois. 54% demandent la création d'une garde civile au cas où se reproduiraient les pogroms qui ont secoué les villes mixtes durant la dernière opération militaire. Quant aux citoyens arabes l'immense majorité, selon le même sondage 75%, estime que les Juifs n'ont aucun droit sur cette terre. 23% d'entre eux soutiendraient l'ennemi en temps de guerre, 51% ne prendraient pas parti. Seuls 26 % soutiendraient leurs concitoyens juifs.
J'avais crû entendre il y a quelques jours la Hatikva dans laquelle on célèbre le souhait d'"être un peuple libre dans notre pays"! Mais à la vue de ce paysage on peut se demander si le sionisme est toujours vivant?
C'est la souveraineté d'un Etat juif qui est en jeu. Je ne suis pas sûr que les Juifs contemporains en mesure la portée et comprennent que le choix est entre la souveraineté quoiqu'il en coûte et la régression à la déréliction du ghetto. Les pogroms d'il y a un an nous l'ont fait entrevoir. C'est ce à quoi nous avons voulu mettre une fin en construisant un Etat juif.
Shmuel Trigano
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