Encore une fin de semaine compliquée pour Naftali Bennett. Vendredi après-midi, on apprenait d'abord la démission de Shimrit Meir, la conseillère diplomatique et stratégique du Premier ministre israélien. Un personnage clé dans l'organigramme de l'exécutif, mais qui au fil des mois, était entrée en tensions avec le secrétaire du gouvernement et le chef de cabinet de Naftali Bennett, obligeant ce dernier à investir de plus en plus de temps et d'énergie à gérer les conflits de son état-major. Ce sont d'ailleurs principalement des divergences d'ordre politique et idéologique qui se manifestaient, la conseillère étant plus centriste que ses autres partenaires de la garde rapprochée du chef du gouvernement. Shimrit Meir a donc fini par jeter l'éponge. En soi, l'événement n'a rien d'exceptionnel. Les Premiers ministres en Israël ont l'habitude de voir les conseillers se succéder au cours de leur mandat. Sauf que pour Naftali Bennett, cette défection arrive dans un contexte déjà difficile.
Alors que le chef du gouvernement israélien se remettait tout juste d'une semaine politique intense, où il avait sauvé de justesse sa coalition avec le retour dans le rang du parti islamiste Ra'am, Naftali Bennett a aussi décidé d'anticiper sur la prochaine crise : celle qu'il voit se renforcer au sein de son propre parti. Et c'est ainsi qu'après le départ de sa conseillère, on apprenait, une heure à peine avant l'entrée du Shabbat, que son ministre des Cultes quittait le gouvernement. Dans ce cas, il ne s'agit pas du tout d'une défection, mais plutôt d'une tactique de défense. Matan Kahana, un des plus proches et anciens amis de Naftali Bennett, avec lequel il a aussi partagé une partie de son parcours dans les rangs de Tsahal, a en réalité accepté de quitter son fauteuil de ministre pour reprendre son siège de député à la Knesset. Il faut savoir qu'en Israël, un député qui devient ministre a la possibilité de renoncer à exercer son mandat parlementaire, ce qui permet à un autre membre de la liste qui n'a pas été élu par manque de voix, d'entrer à sa place à la Knesset. Ce dispositif est surnommé en Israël, la "loi norvégienne". C'est ce qui avait permis à Yomtob Kalfon, suivant sur la liste, de devenir à son tour député. Mais le système marche dans les deux sens, et Yomtob Kalfon est donc obligé de céder la place quand le ministre qu'il a remplacé décide de revenir sur les bancs de l'assemblée. Et si Matan Kahana l'a fait, ce n'est pas par nostalgie, mais bien parce que son ami Naftali Bennett craignait que Yomtob Kalfon suive les traces de deux autres députés Yamina, Amichaï Chikli et Idit Silman, qui ont quitté la coalition. Le parlementaire a eu beau se défendre de toute velléité de dissidence, le Premier ministre lui a pourtant préféré la loyauté historique de son frère d'armes, qui ne risque pas de succomber aux pressions du Likoud ni de voter avec l'opposition. En attendant, c'est Naftali Bennett qui pourra prendre en charge le ministère des Cultes, mais pour une durée maximum de trois mois. A peine un peu plus que la durée de la session d'été de la Knesset, à laquelle il espère que sa coalition survivra. Signe aussi que Naftali Bennett est bien déterminé à tout faire pour empêcher des élections anticipées.
Pascale Zonszain
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.