Lundi soir, les quartiers est de Jérusalem ont connu une des soirées les plus violentes de ces derniers mois. Ce sont les obsèques d'un Arabe de Jérusalem, décédé des suites de ses blessures, pendant une bousculade durant les émeutes sur l'esplanade du Mt du Temple il y a quelques semaines, qui ont servi de détonateur. Des centaines de manifestants ont attaqué les policiers dans plusieurs quartiers arabes de la capitale. Des gardes-frontière ont été ciblés par des citernes, des barres de fer, des blocs de béton jetés depuis le toit des immeubles. Des tirs de mortier de feux d'artifice vers les forces de l'ordre ont duré plusieurs heures et dans le quartier d'A-Tur, une voiture a foncé sur un groupe de policiers qui ont tiré dans les pneus du véhicule pour le forcer à s'arrêter. L'incident n'a pas fait de blessé. De l'aveu des policiers sur place, ce sont les incidents les plus violents auxquels ils étaient été confrontés depuis plusieurs mois. Cette nouvelle nuit de tension faisait suite aux funérailles vendredi à Jérusalem de la journaliste palestinienne Shireen Abu Akleh qui avaient rassemblé plusieurs milliers de personnes. On se souvient des images d'accrochages dans la cour de l'hôpital St-Joseph où des policiers avaient repoussé des manifestants arabes à coups de matraque, suscitant une vague de condamnations contre Israël.
En réalité, cela fait des semaines que la situation sécuritaire est tendue à Jérusalem et que les policiers sont sollicités en permanence. Cela avait commencé au début du mois de mars avec plusieurs attaques au couteau dans la capitale et ses environs, qui avaient précédé la vague d'attentats qui a touché le reste du pays. Le mois du Ramadan avait été émaillé de nombreuses émeutes sur l'esplanade du Mt du Temple, alors que la fête musulmane coïncidait avec les célébrations de Pessah et de l'indépendance, et qui avaient mis tous les policiers de la capitale en alerte maximale.
Et l'incitation sur les réseaux sociaux a alimenté cette violence. Selon le rapport publié hier par Aman, les services de renseignements de Tsahal, ces appels à la violence contre Israël émanent à 25% du Mouvement islamique arabe israélien, à égalité avec le Hamas, suivis à 10% par le Hezbollah et le reste par des bots opérant notamment en Malaisie et au Pakistan. Dans cette campagne de propagande anti-israélienne destinée aux publics arabe israélien et palestinien, le Hamas s'emploie surtout à attiser une dynamique qui vient du terrain, plus qu'il n'en est réellement l'initiateur. Et c'est la branche de l'organisation palestinienne opérant à l'étranger qui est nettement plus active que celle de Gaza. Quant au contenu des messages, il se concentre principalement sur le Mt du Temple et le slogan du Mouvement islamique sur "Al Aqsa en danger", qui accuse Israël de chercher à détruire les mosquées pour reconstruire le Temple. Et en fait la principale motivation de ceux qui passent à l'acte terroriste, avec la vengeance personnelle.
La police israélienne craint que la poursuite de ce climat ne recommence à déborder sur les localités arabes et les villes à population mixte, reproduisant la vague de violence du printemps dernier. Et après les tensions de Jérusalem et deux incidents impliquant des députés de la liste arabe d'opposition, le chef de la police met en garde contre une instrumentalisation politique de son institution. " La police ne doit pas se retrouver au cœur d'un jeu politique " a averti Yaakov Shabtaï, qui réclame un soutien total des pouvoirs publics.
Pascale Zonszain
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