La polytechnicienne et les déguisements de piscine, la chronique de Guy Konopnicki

France.

La polytechnicienne et les déguisements de piscine, la chronique de Guy Konopnicki
(Crédit : DR)

Deux versions du féminisme se sont exprimées le même jour, à Paris et à Grenoble.

A Paris, Élisabeth Borne prenait ses fonctions de Première ministre, déclenchant une vague de commentaires discrètement misogynes. C’est une femme, bien sûr, mais une polytechnicienne, un bourreau de travail, au masculin car en français, le mot bourreau n’a pas plus de féminin que brute n’a de masculin, tout en qualifiant le plus souvent des hommes.

Bien sûr, on nous répète que cette technocrate, un brin autoritaire, coiffée et vêtue de manière austère, ne sera qu’une simple exécutante… 

A Grenoble, le maire écologiste Éric Piolle s’adressait, lui, aux femmes, aux vraies, qu’il classe en deux catégories, celles qui exigent de revêtir un vêtement identitaire dans les piscines municipales et celles qui peuvent bien se baigner en découvrant leurs seins.

Sur le perron de l’hôtel Matignon, Élisabeth Borne évoque le rêve auquel toutes les petites filles ont désormais droit, celui d’atteindre les plus hautes responsabilités.

A l’hôtel de ville de Grenoble, la liberté des femmes est une affaire de tissus, un choix entre la bigoterie pudibonde et ce qui se rapproche de la tenue d’Êve. 

A Grenoble, le rêve des petites filles est forcément une affaire de maillot de bain. Au-delà de la polémique elle-même, la délibération du conseil municipal en dit long sur l’idée que l’on se fait à gauche des revendications des femmes. Le choix entre l’affirmation identitaire et la futilité. 

Mais on sait qu’Éric Piolle avait soutenu la candidature de l’écolo féministe Sandrine Rousseau, qui préfère « une femme jeteuse de sort à un homme ingénieur en centrale nucléaire ». En birkini ou en sorcière, l’image de la femme est associée au particularisme et à l’irrationnel.

Cette gauche verte se nourrit de clichés, dont celui qui ferait de la science une affaire d’homme, au mépris de l’histoire de France, pays des deux premières femmes prix Nobel de Physique, Marie Curie, pour la découverte de la radioactivité et sa fille, Irène Joliot-Curie, qui, en compagnie de son époux, Frédéric Joliot-Curie, avait mis au point la radioactivité artificielle. 

Irène Joliot-Curie, il est vrai, appartenait à une époque où la gauche ne se préoccupait pas de l’expression de l’identité religieuse dans les piscines, mais plutôt de la place des femmes dans la recherche scientifique et dans la vie politique. Alors même que le Sénat lui interdisait de mettre en œuvre le droit de vote des femmes, adopté par la Chambre des députés, Léon Blum les fit entrer dans son gouvernement. Irène Joliot Curie devint, en 1936, secrétaire d’État à la recherche scientifique, poste qui n’existait pas avant-elle. En 1945, elle fut nommée Commissaire à l’énergie atomique, chargée de la mise au point du premier réacteur nucléaire.

L’héritage de cette femme n’intéresse pas les écolo-féministes. Le nucléaire, c’est affreux, c’est donc une affaire d’homme. Éric Piolle et Sandrine Rousseau soutiennent les femmes quand elles revendiquent le droit de porter le voile et son prolongement aquatique. Quelle ouverture d’esprit de leur permettre de fréquenter les piscines ! A Kaboul, les petites filles n’en demandent pas tant. Elles n’ont plus le droit d’aller à l’école, et quand elles seront grandes, elles ne pourront sortir que revêtues de la Burka. 

Eric Piolle est représentatif de cette gauche, unie sous la houlette d’un guide suprême, qui fédère les idéologies irrationnelles et clairement réactionnaires, des islamistes investis dans plusieurs circonscriptions, aux antispécistes tels Aymeric Caron, candidat dans un quartier de Paris où il serait facilement élu si les insectes et les rongeurs pouvaient voter pour leur défenseur.

Cette gauche voudrait nous faire croire que nous vivons dans un pays terriblement répressif, où l’on empêche les femmes de se baigner en respectant l’ordre imposé par des islamistes de HLM.

La France est ce pays, où la fille d’un survivant de la Shoah, Joseph Borne, qui n’a pas supporté de vivre après Auschwitz, a pu poursuivre des études et intégrer la plus prestigieuses des grandes écoles. Bien sûr, nous pourrons juger sa politique, et le cas échéant, nous y opposer. 

Ce ne sont pas les bêtises de Grenoble qui font avancer l’égalité, mais bien la nomination d’une femme au parcours remarquable , Elisabeth Borne, à la tête du gouvernement.

Guy Konopnicki

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