Bennett et la navigation en hauts fonds politiques

Israël.

Bennett et la navigation en hauts fonds politiques
(Crédit : capture d'écran)

Maintenir la coalition israélienne à flots, c'est un peu comme naviguer en hauts fonds. Depuis plusieurs semaines, Naftali Bennett n'a plus vraiment le temps de faire autre chose que de guetter les récifs et de réparer les avaries. Même si c'est surtout son copilote, Yaïr Lapid qui a géré la dernière crise en date, la navigation se fait chaque jour un peu plus difficile. Ghaida Rinawi Zoabi est revenue sur son annonce de rupture et a finalement réintégré les rangs de la coalition. Mais la révolte de la députée arabe du Meretz a probablement ouvert la voie à d'autres rébellions. Un certain nombre d'élus des partis de la coalition, de droite comme de gauche, se plaignent d'être des soutiers invisibles dont le seul rôle serait d'entériner les décisions du gouvernement et de n'être jamais consultés par les ministres dans l'élaboration de leur politique. Une réalité qui est d'abord la conséquence directe de la composition de la coalition, qui exige en permanence des compromis pour maintenir sa cohésion, mais qui sont de plus en plus mal perçus par les députés.

Ce qui contribue évidemment à fragiliser encore le bloc autour de Naftali Bennett et Yaïr Lapid. Et il faut s'attendre à ce que chaque nouvelle séance de la Knesset soit l'occasion d'un nouveau clash. Première épreuve cet après-midi avec le texte sur les bourses d'études pour les soldats démobilisés des unités combattantes. Le projet de loi, on le sait, ne pourra pas passer sans un soutien des partis de l'opposition de droite, car les islamistes du Ra'am y sont opposés. Donc pour obtenir la majorité, il lui faut des voix du Likoud, mais Benyamin Netanyahou a donné une consigne claire à ses députés : zéro coopération avec les élus de la coalition. Il escompte que cette intransigeance finira par paralyser totalement la capacité d'action politique de Naftali Bennett.

Et le Premier ministre va  aussi devoir trouver un modus vivendi avec le parti Ra'am alors qu'un amendement sur les détenus sécuritaires arabes israéliens doit aussi être soumis au vote de la Knesset. Sachant que là encore, il ne pourra pas compter sur des voix de l'opposition, le Premier ministre va devoir choisir entre essuyer un nouvel échec et retirer son projet de loi. C'est une sorte de guerre d'usure parlementaire qui se met en place et qui va s'intensifier, puisque le chef de l'opposition estime que c'est le meilleur moyen de susciter de nouvelles défections dans les rangs de la coalition.

Même la Marche des Drapeaux prévue dimanche pour l'anniversaire de la réunification de Jérusalem, pourrait être une nouvelle source de conflit. Là, le terrain n'est plus strictement parlementaire, mais pourrait déclencher de nouvelles tensions. L'aile droite de la coalition est favorable au maintien du défilé sur son itinéraire traditionnel, qui passe par la Porte de Damas et le quartier arabe de la vieille ville, tandis que les islamistes et le parti Meretz dénoncent une "provocation" superflue. Sans compter que le Hamas menace de nouveau de gâcher la fête. On se souvient que l'an dernier, c'est la Marche des Drapeaux qui avait servi de prétexte à l'organisation terroriste palestinienne pour tirer ses roquettes depuis Gaza contre la capitale israélienne, déclenchant onze jours de guerre.

Il va donc falloir à Naftali Bennett une vigilance de tous les instants pour traverser cette nouvelle semaine d'écueils politiques et sécuritaires sans une nouvelle mutinerie à son bord.

Pascale Zonszain

pzoom230522

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