Ce n'est pas la première fois que des étudiants tiennent des rassemblements pro-palestiniens dans l'enceinte d'une université israélienne. Ou parfois à leurs abords. La liberté d'expression est une valeur à laquelle on tient dans les milieux académiques d'Israël et même quand des manifestations politiques n'ont pas reçu d'autorisation préalable, l'affaire se règle au sein des campus. En Israël, toutes les universités comptent parmi leurs étudiants des Arabes israéliens. Et la situation politique ou sécuritaire peut parfois causer des tensions, même si la plupart du temps, la coexistence se déroule sans le moindre accroc. C'est d'ailleurs pour beaucoup d'étudiants le premier lieu de brassage, la première rencontre entre les deux populations juive et arabe.
Le rassemblement qui s'est tenu hier dans l'enceinte de l'université Ben Gourion de Beer Sheva était le premier du genre. Après un premier meeting prévu et annulé pour marquer la journée de la Naqba la "catastrophe" de la création de l'Etat d'Israël le 15 mai dernier, la direction de l'université a autorisé l'événement initié par des étudiants arabes, membres du parti H'adash, au nom du respect de la diversité, comme l'a indiqué le rectorat dans un communiqué. Des étudiants juifs ont répondu aux étudiants arabes qui brandissaient des dizaines de drapeaux palestiniens, en portant face à eux des drapeaux d'Israël.
L'événement a déclenché l'émotion. Le maire de Beer Sheva s'est indigné de la décision de l'université. "Personne n'a pensé à la douleur des familles endeuillées par le terrorisme. Comment un tel rassemblement où l'on scande les slogans de ceux qui veulent nous détruire, peut-il être autorisé dans une institution soutenue par l'Etat d'Israël" a déclaré en substance Rubik Danilovitch, dont la ville a été frappée en mars dernier par un attentat qui a fait cinq victimes.
L'université Ben Gourion avait longtemps interdit des rassemblements à caractère politique sur son campus. Face à la polémique suscitée par la manifestation, le rectorat a précisé qu'il avait demandé son avis au Conseiller juridique du gouvernement, dont les services, interrogés par la presse, ont répondu tout ignorer d'une telle demande. S'il est vrai que les drapeaux palestiniens ne sont pas interdits en Israël, leur apparition suscite toujours une vive émotion, étant donné leur charge politique et les inévitables références au terrorisme et au conflit qu'elle évoque.
La semaine dernière, une manifestation similaire avait eu lieu à proximité de l'université de Tel Aviv, provoquant des accrochages entre étudiants arabes et juifs. Et même si les organisateurs de ces rassemblements pro-palestiniens se défendent de chercher l'affrontement ou d'inciter à la violence, la présence des drapeaux palestiniens provoque le plus souvent l'effet inverse, excluant toute possibilité de dialogue. Dans un autre contexte, on a vu à Jérusalem que le climat reste rarement pacifique quand les résidents arabes de la capitale brandissent des drapeaux palestiniens, comme ce fut le cas il y a dix jours, lors des funérailles de la journaliste palestinienne Shireen Abu Akleh.
Et toujours à Jérusalem, c'est la Marche des Drapeaux, cette fois israéliens, qui conclura dimanche comme chaque année la célébration de la réunification de la ville, qui sert pour la deuxième fois de prétexte au Hamas pour menacer Israël.
Pascale Zonszain
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