Le Hamas ou l'uberisation du conflit israélo-palestinien

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Le Hamas ou l'uberisation du conflit israélo-palestinien
(Crédit : DR)

On aurait tort de reprocher aux organisations terroristes palestiniennes de vivre en dehors de la modernité. Si on regarde d'un peu plus près le comportement du Hamas de ces derniers mois, on constate qu'il fonctionne un peu comme une entreprise de la nouvelle économie. Depuis la Bande de Gaza, son siège social en quelque sorte, il utilise les ressources disponibles à l'extérieur de la zone géographique sous son contrôle pour prendre la maitrise du conflit, comme des entreprises prendraient la maitrise d'un marché. Considérons que le marché c'est le conflit israélo-palestinien. Il faut y apparaitre comme l'acteur leader, capter les tendances et les exploiter à son avantage. C'est ce que fait le Hamas en alimentant la campagne médiatique contre Israël, avec un message ciblé dans sa destination comme dans son contenu. Tant sur les médias traditionnels que sur les réseaux sociaux, l'organisation islamiste palestinienne martèle le message "Al Aqsa en danger" inventé il y a près de trente ans par le Mouvement islamique arabe israélien. Et sur la durée, il s'est révélé bien plus porteur et efficace que les revendications nationalistes traditionnelles. Il s'adresse aussi bien aux Palestiniens, qu'aux Arabes israéliens et aux résidents arabes de Jérusalem qui se sentent concernés par une prétendue menace israélienne sur les mosquées du Mt du Temple, assimilées à Jérusalem dans son ensemble. Il peut donc se contenter de détourner à son profit et de revendiquer la propriété intellectuelle d'un climat médiatique qu'il ne fait que suivre. Et ce message est suffisamment évocateur pour rallier le soutien du monde musulman au-delà des frontières, où on va l'identifier au discours du Hamas. Sans compter qu'il nourrit aussi l'inquiétude et le sentiment d'insécurité des Israéliens qui l'associent au mouvement islamiste de Gaza, qui de son côté ne manque jamais de saluer chaque attentat terroriste, voire de le revendiquer, là encore même quand il n'en n'est pas l'auteur.

Ce faisant, le Hamas utilise des ressources existantes et qui ne lui appartiennent pas, exactement comme une plateforme virtuelle va utiliser des travailleurs indépendants pour des missions ponctuelles, sans avoir besoin ni de stock ni de matériel. Des terroristes individuels peuvent continuer à perpétrer des attaques, alors que les réseaux que le Hamas tente de reformer dans les territoires de Judée Samarie ou à Jérusalem sont en permanence traqués par les services de sécurité israéliens, qui font tout pour les démanteler avant qu'ils n'atteignent le stade opérationnel. Mais même ces réussites ne suffisent pas à effacer l'impression générale que c'est le Hamas qui mène la partie et qui s'impose sur la scène palestinienne, alors que dans l'Autonomie, le régime de Mahmoud Abbas, continue à s'affaiblir et qu'il est devenu quasiment inaudible dans la période de tension actuelle.

Et donc, sans véritable structure ni effectifs sous ses ordres, ni même d'armement qui lui appartienne en propre, le Hamas est parvenu à persuader les Palestiniens, comme Israël, que c'est lui qui tient le jeu.  Comme dans le monde économique, des sociétés de livraison, de service ou de transport qui ne font qu'être l'interface entre des prestataires et des clients. En résumé : le Hamas a uberisé le terrorisme et le conflit israélo-palestinien. Avec quand même une différence de taille : si Uber n'a pas de parc automobile, le Hamas lui, a bien un arsenal de roquettes. Et il sait que sa stratégie de récupération virtuelle ne peut fonctionner que tant que Gaza n'entre pas dans la boucle du conflit.

Pascale Zonszain

pzoom300522

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