Du gaz israélien pour alimenter la diplomatie

Israël.

Du gaz israélien pour alimenter la diplomatie
(Crédit : Twitter)

Il y a les décisions de principe et il y a le principe de réalité. La ministre israélienne de l'Energie a inversé sa décision prise il y a quelques mois,  et a finalement opté pour la reprise de l'exploration gazière, dont elle avait pourtant annoncé le report sine die, pour donner la priorité au développement des énergies renouvelables. Karine Elharrar a donc annoncé lundi le lancement du 4e appel d'offres pour la recherche de gaz naturel dans les eaux économiques d'Israël en Méditerranée. "Nous devons veiller à assurer la sécurité énergétique d'Israël, la diversité de nos sources d'énergie, l'investissement dans les énergies renouvelables, mais aussi les réserves de gaz d'Israël pour les décennies à venir" a expliqué la ministre. Une décision motivée par les récents bouleversements géopolitiques qui ont commencé à modifier en profondeur le secteur de l'énergie, ajoute la direction du ministère. Si la guerre en Ukraine et le boycott russe n'ont pas été mentionnés explicitement, il est clair que c'est la situation en Europe et son besoin vital de sources alternatives de gaz, si elle ne veut pas revenir à un recours renforcé au charbon, qui ont décidé Israël à ce changement de cap.

Les résultats de cette exploration ne seront évidemment pas immédiats, et il faudra encore plusieurs années avant qu'Israël soit en mesure d'accroitre substantiellement ses exportations vers l'Europe. Mais dans ce domaine, les tractations s'effectuent sur la durée et le fait qu'Israël annonce la reprise de son exploration va déjà mettre sur les rangs des clients potentiels. Ce qui va permettre de renforcer les relations avec les pays d'Europe, non seulement au niveau économique, en développant de nouveaux marchés, mais aussi au niveau diplomatique en plaçant Israël en position d'allié énergétique stratégique.

C'est pour la même raison qu'Israël a décidé d'accroitre ses exportations de gaz naturel vers l'Egypte. Jusqu'au début des années 2010, c'est Israël qui était client de l'Egypte et dépendait de sa voisine, alors en pleine instabilité politique. Depuis, Israël a découvert et commencé à exploiter ses propres gisements en Méditerranée orientale. Et la relation s'est inversée quand l'Egypte a commencé à importer du gaz israélien, début 2020. Un accord bilatéral signé l'an dernier a encore accru la fourniture de gaz et devrait à terme rapporter à Israël 300 millions d'euros annuels de revenus supplémentaires. Un accord qui présente plusieurs avantages. D'abord, il assure à l'Egypte un approvisionnement énergétique vital pour son économie qui commence déjà à ressentir les effets des dérèglements des marchés sur sa stabilité sociale et politique. Ce faisant, le Caire a tout intérêt à préserver ses bonnes relations avec Israël, y compris en veillant à contenir le Hamas et l'empêcher de reprendre ses attaques de roquettes contre le territoire israélien. En outre, l'Egypte qui est donc aussi producteur de gaz, a besoin d'Israël pour exporter son propre gaz vers l'Europe, en utilisant les infrastructures déjà existantes entre les deux pays. Et les deux pays se sont déjà rapprochés, avec la Grèce et Chypre dans une forme d'union gazière régionale. Autant de facteurs qui renforcent la stabilité en Méditerranée orientale, grâce aux intérêts communs partagés par ces pays producteurs. Et pour Israël, c'est un outil de plus pour pérenniser sa paix avec l'Egypte.

Pascale Zonszain

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