Les Israéliens de Judée-Samarie prochaines victimes de la crise politique ?

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Les Israéliens de Judée-Samarie prochaines victimes de la crise politique ?
(Crédit : porte-parole de la Knesset)

Naftali Bennett commençait tout juste à respirer. Dimanche, les tensions qui avaient accompagné la journée de Jérusalem étaient restées en dessous du point d'ébullition et le scénario catastrophe de 2021 ne s'était pas reproduit. Quant au député Bleu Blanc Michael Biton, qui avait eu des velléités de rébellion parlementaire, il était finalement rentré dans le rang. Le Premier ministre israélien pensait donc avoir retrouvé un peu de sérénité pour se concentrer enfin sur les affaires de l'Etat, et en particulier sur projet de budget 2023, qu'il aimerait beaucoup voir adopté avant la fin de la session parlementaire en cours.

Seulement voilà, un nouveau problème s'approche et cette fois-ci, il ne s'agit pas de menace de dissidence de l'un des élus de sa coalition, mais du rappel à l'ordre de l'un de ses ministres. Gideon Saar, le ministre de la Justice et leader du parti Nouvel Espoir, a simplement rappelé que la Knesset devrait voter avant la fin du mois le renouvellement des dispositions qui organisent le statut légal des Israéliens de Judée-Samarie, faute de quoi on risquait un véritable chaos juridique. Il s'agit de la loi de "dispositions d'état d'urgence pour la Judée Samarie, juridiction et aide judiciaire", selon son appellation complète. Elle avait été adoptée pour la première fois par la Knesset en 1967 pour une durée de cinq ans, régulièrement renouvelée depuis. La dernière prolongation de ces dispositions d'urgence remonte à juin 2017, et il faut donc reconduire le texte avant la fin du mois. C'est cette loi qui permet d'étendre l'application du droit israélien à ses citoyens résidant au-delà de la ligne Verte. Sans elle, ce sont les tribunaux militaires qui devront juger les Israéliens, et la police n'aura plus le droit d'enquêter ou de procéder à des arrestations de citoyens israéliens en Judée Samarie, qui deviendrait alors un sanctuaire pour les délinquants et criminels israéliens recherchés pour des actes commis en Israël. Sans compter que les Israéliens de Judée Samarie ne pourraient plus non plus bénéficier de la sécurité sociale et qu'ils auraient même des problèmes pour entrer en Israël. On imagine le casse-tête.

Encore un texte qui devrait donc aller de soi et ne pas poser de problème particulier. Sauf qu'évidemment, aucun parti arabe n'a jamais voté en faveur d'une loi qui concerne la présence israélienne en Judée-Samarie, et que le parti Ra'am, aujourd'hui dans la coalition n'est pas disposé à le faire. Quant à l'opposition, elle campe sur son refus de toute coopération parlementaire avec la coalition, sur quelque texte que ce soit. Déjà en début de semaine, la coalition s'était rendu compte qu'elle n'aurait pas la majorité nécessaire et avait préféré retirer le texte de l'ordre du jour plutôt que d'essuyer un échec. Mais le délai ne pourra pas s'étirer indéfiniment. C'est ce qui a donc déclenché le coup de gueule du ministre de la Justice, rapporteur de la loi. "Le jeu que joue l'opposition n'est pas seulement sans précédent, il est également dangereux. Mais le gouvernement a lui aussi la responsabilité de veiller à l'adoption d'un texte aussi fondamental. Et donc, tout membre de la coalition qui  votera contre, dira tout simplement qu'il ne veut plus de ce gouvernement" a averti Gideon Saar. Le compte-à-rebours a commencé. Verdict dans une semaine.

Pascale Zonszain

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