Le président palestinien veut passer à l'acte. Comme il le fait périodiquement, il menace d'appliquer la décision du comité central de l'OLP qui avait voté en février dernier en faveur de la rupture des relations avec Israël. Une résolution que l'organe central de l'Organisation de Libération de la Palestine avait déjà adoptée il y a quatre ans, après la décision du président Trump de reconnaitre Jérusalem comme capitale de l'Etat d'Israël. C'est ce que révélait mercredi le quotidien londonien en langue arabe A Sharq Al Awsat, précisant que Mahmoud Abbas avait averti de son intention la Jordanie, l'Egypte et les Etats-Unis. Mardi, le chef de l'Autorité Palestinienne s'était entretenu par téléphone avec le Secrétaire d'Etat américain Anthony Blinken et l'avait prévenu qu'il se préparait à prendre des mesures en vue de "contrer l'escalade israélienne à Al Aqsa", selon ses termes. Mahmoud Abbas avait également réitéré sa demande aux Etats-Unis de retirer l'OLP de sa liste des organisations terroristes, décidée par la précédente administration et de rouvrir le consulat américain à Jérusalem-est.
Les doléances du chef de l'Autorité Palestinienne ne sont pas nouvelles, mais cette fois, c'est Washington qui a fait les frais de la mauvaise humeur de Mahmoud Abbas. Le leader palestinien reproche à l'administration américaine d'être restée trop passive ces dernières semaines face à Israël, alors que la tension sécuritaire a considérablement augmenté, en particulier autour du Mont du Temple. Mais ce qui préoccupe davantage encore Mahmoud Abbas, c'est le sentiment de se faire doubler par le Hamas. Depuis 2007 et la prise de la Bande de Gaza par l'organisation islamiste qui y avait renversé le pouvoir de l'Autorité Palestinienne, le Hamas et le Fatah sont en rivalité ouverte, malgré plusieurs annonces de réconciliation à la suite de médiations égyptiennes. Et au cours des derniers mois, en fait même depuis l'opération Gardien des Murailles de l'an dernier, c'est le Hamas qui est devenu l'acteur palestinien dominant. C'est l'organisation islamiste qui donne le ton, occupe le devant de la scène en alimentant la haine anti-israélienne et les appels au terrorisme sur les réseaux sociaux, et qui profère des menaces contre Israël à propos de Jérusalem et du Mt du Temple. Au point que, même Israël, semble plus attentif aux faits et gestes du Hamas qu'à ceux de l'Autorité Palestinienne. Et la situation n'est pas meilleure à l'intérieur des territoires autonomes de Judée Samarie, où le Hamas regagne en popularité et en influence au détriment du régime du Fatah.
Mahmoud Abbas, qui se sent frustré et dépossédé de son statut de leader palestinien et relégué derrière son rival islamiste, cherche donc le moyen de reprendre la main. Et il revient à ses techniques éprouvées d'attaque d'Israël devant les organisations internationales, comme il a entrepris de le faire devant le Tribunal Pénal International, suite à la mort de la journaliste Shireen Abu Akleh. Et il implique aussi les Etats-Unis en les appelant à faire pression sur Israël pour reprendre le processus diplomatique et contraindre Washington à s'engager beaucoup plus activement dans le dossier. Mahmoud Abbas a un besoin vital de se réimposer politiquement et diplomatiquement et a bien l'intention d'utiliser pour cela la visite du président Biden dans la région prévue à la fin du mois. Car sur ce point-là au moins, il est sûr de ne pas se faire distancer par le Hamas.
Pascale Zonszain
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