Israël passe à la vitesse supérieure en Syrie

Israël.

Israël passe à la vitesse supérieure en Syrie
Frappes militaires en Syrie l'été dernier (Crédit : capture d'écran Twitter)

Deux pistes et une aérogare hors d'usage ont contraint le ministère syrien des Transports à annoncer ce weekend la fermeture de son aéroport international, au moins jusqu'au 20 juin. Le communiqué évoquait sobrement "des travaux", sans en préciser l'origine. Mais les photos satellites publiées dimanche ne laissent pas de place au doute : les dégâts ont bien été causés par des tirs de missiles. Israël, depuis 2015 mène une "campagne entre les guerres" pour contrer l'enracinement iranien en Syrie. Mais l'élément nouveau, c'est que cette fois, c'est un objectif civil qui a été ciblé. Et la raison en est simple : l'Iran a décidé d'utiliser des vols commerciaux vers Damas pour transporter les systèmes de navigation qu'il fournit au Hezbollah pour équiper ses roquettes, puisque Tsahal frappe sans relâche ses convois d'armement par voie terrestre ou maritime. Le recours au transport aérien n'est pas nouveau pour Téhéran, qui avait jusque-là utilisé les bases militaires que la Syrie avait mises à sa disposition, en échange de son soutien au régime d'Assad dans la guerre civile. Et la base T4 dans le centre de la Syrie avait d'ailleurs été bombardée à plusieurs reprises par Israël.

En outre, c'est le faible encombrement des GPS qui permet aux Iraniens de les faire transporter par des agents des Gardiens de la Révolution dans leurs bagages sur des vols commerciaux en partance de Téhéran, soit directement vers Damas, soit via des pays tiers. D'où la décision de frapper le point de destination, donc l'aéroport de Damas. Surtout qu'en d'autres temps, le raid aurait probablement provoqué des condamnations internationales, mais que depuis quelques mois, l'attention du monde est surtout concentrée sur le conflit en Ukraine. Et c'est d'ailleurs la Russie qui a été le seul pays à réagir. Présents en Syrie depuis bientôt sept ans où ils ont pris le contrôle de l'espace aérien à la demande de Bashar al Assad, les Russes, même s'ils ont renvoyé certaines de leurs troupes et de leurs officiers supérieurs vers le front ukrainien, ne sont pas prêts à renoncer à cette position stratégique et en particulier au port syrien de Tartous, qu'ils ont reconstruit pour leurs besoins militaires et qui leur donne une présence en Méditerranée orientale. La Russie a donc accusé Israël de "pratique malveillante et irresponsable", mais a aussi égratigné au passage le régime d'Assad pour l'aide qu'il donne à l'Iran dans son convoyage d'armes de guerre.

Mais si Israël s'est résolu à cibler un objectif civil, c'est que le rapport risque/bénéfice lui a paru justifié. Selon les responsables de la défense israélienne, les opérations en Syrie ont permis de freiner 70% des livraisons d'armement iranien au Hezbollah au Liban, mais les 30% restants représentent une menace suffisante pour décider de passer à la vitesse supérieure. On sait que la milice chiite libanaise dispose d'un arsenal de plus de 100.000 roquettes destinées à attaquer Israël et que depuis quelques années, l'Iran cherche à l'améliorer en le dotant de systèmes de navigation qui en font des missiles de précision et qu'une partie de cet assemblage se fait déjà au Liban. Et Israël ne peut ajouter ce risque à ceux que l'Iran fait déjà peser avec son programme nucléaire et son développement de missiles balistiques et de drones contre Israël et les pays sunnites de la région.

Pascale Zonszain

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