Naftali Bennett peut cocher une semaine de plus sur son calendrier politique. Le Premier ministre israélien tient toujours le cap de la fin de la session parlementaire qui s'achève à la fin du mois de juillet, en espérant que sa coalition tiendra jusque-là. Mais il sait que les chances de survie de son bloc politique s'amenuisent, alors qu'il n'a pas réussi à faire rentrer dans le rang les cinq députés qui ne respectent plus la discipline de coalition. Parmi eux, Nir Orbach est la clé de voûte de l'édifice et son départ ôterait définitivement toute chance au gouvernement de continuer à fonctionner. L'élu du parti Yamina était pourtant considéré comme un proche de Naftali Bennett, mais ses différends idéologiques avec son patron sont progressivement devenus irréconciliables. Orbach reproche au chef du gouvernement israélien d'être trop conciliant avec l'aile gauche de sa coalition, de céder aux pressions de son allié islamiste, et surtout de se montrer incapable de faire passer la loi sur l'application du droit interne aux Israéliens de Judée Samarie, alors que le texte, renouvelable tous les cinq ans, arrive à expiration le 30 juin. Après avoir menacé à plusieurs reprises de claquer la porte, Nir Orbach a fini mettre le marché en mains à Naftali Bennett : qu'il trouve le moyen de récupérer ou de remplacer les deux parlementaires du Meretz et du Ra'am qui refusent de voter le texte, ou son député votera avec l'opposition la dissolution de la Knesset. Ce qui signifierait de surcroit, d'après les termes de l'accord de coalition, que le fauteuil de Premier ministre passerait à Yaïr Lapid jusqu'après le prochain scrutin législatif.
Et les ennuis de Naftali Bennett ne s'arrêtent pas là, puisque tandis qu'il tente de rattraper son député par les cheveux, c'est l'opposition qui lui tend les bras. Pour persuader Nir Orbach et deux autres de ses collègues de Yamina de changer de camp, le Likoud leur fait miroiter des places sur le haut de la liste de ses candidats aux législatives ou un portefeuille de ministre dans le prochain gouvernement, s'ils acceptent de voter la dissolution du parlement. Ce qui a d'ailleurs fait tiquer deux ONG qui ont demandé au Conseiller Juridique du Gouvernement de déterminer si cela ne s'apparentait pas à des pratiques illégales. Car techniquement, ces accords politiques ne peuvent intervenir au plus tôt que trois mois avant les élections, or pour l'instant, la Knesset n'est pas dissoute. Une limitation qui avait été inscrite dans la loi pour empêcher ce type de manœuvre qu'avait tentée Shimon Peres en 1990, pour renverser le gouvernement d'Itzhak Rabin.
Donc, le projet de loi sur la Judée Samarie, qui a de nouveau été approuvé par le gouvernement, après avoir été repoussé en première lecture par la Knesset le mois dernier, devra repasser en assemblée plénière, au plus tôt le 20 juin, au plus tard le lundi suivant. Et Nir Orbach fait pression pour que le texte vienne au vote le plus rapidement possible. Si Bennett n'arrive pas à trouver la majorité nécessaire, son député se considèrera libre de voter avec l'opposition la dissolution de la Knesset. Et si le Likoud est sûr que la défection de Nir Orbach sera suivie par deux autres députés Yamina, ce qui lui donnera la majorité nécessaire pour faire chuter la coalition, il n'attendra pas pour mettre au vote la dissolution de la Knesset, probablement dès mercredi.
Pascale Zonszain
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