On commence par Osama Krayem qui est resté silencieux tout le procès . C’est l’homme que l’on voit sur la vidéo insoutenable de Daesh du pilote jordanien brûlé dans une cage… défense plus que difficile donc. En janvier, l'une de ses avocates avait lu une lettre dans laquelle il déclarait : "Au début, je pensais m'exprimer. Puis, j'ai vu comment se déroulaient les débats et j'ai perdu espoir. Tout le monde fait semblant. Ce procès n'est qu'une illusion."
L'avocate rappelle que si Osama Krayem s'est tu pendant le procès, il a largement participé au dossier pendant l'enquête. "Sans les déclarations d'Osama Krayem, on vit toujours avec la psychose de savoir où se trouve le deuxième sac de TATP".
"Ne pas tenir compte de la collaboration de monsieur Krayem, c'est avant tout une erreur. C'est se priver de la possibilité de résoudre ultérieurement d'autres affaires", selon Maître Gisele Stuyck.
La deuxième avocate va tenter une défense très nuancée de Krayem. Punition oui et même sévère mais pas sur le chef d’accusation de complicité. C’est cela qu’elle va tenter dans une plaidoirie périlleuse mais très argumentée . Maître Margaux Durand-Poincloux commence sa plaidoirie en déclarant qu'elle se trouve "dans une position délicate" et qu'elle a "trois gros problèmes". Elle explique qu'elle défend "un homme qui n'a pas souhaité se défendre lui-même", qu'elle défend "l'homme au pilote jordanien" et qu'elle défend "un homme accusé de complicité des attentats du 13-Novembre par renfort numérique et par galvanisation". Galvanisation ? L’avocate critique cette accusation faite par le Parquet antiterroriste . Krayem est incapable de galvaniser les troupes. L’avocate n’élude rien de la complexité du cas Krayem.
L'avocate enchaine sur l'exécution du pilote jordanien, à laquelle était présent Osama Krayem et qui a été diffusée pendant l'audience. "Moi aussi, je vis avec cette image de cet homme qui fond au fond de sa cage, moi aussi j'y pense la nuit. Je me suis levé devant vous car j'ai la certitude que lui aussi y pense la nuit", dit Maître Margaux Durand-Poincloux.
L’avocate, très finement, veut trouver une once d’humanité au plus jeune des accusés, suédois qui a appris le français en prison.
"Je vais simplement vous parler des faits et du dossier", poursuit l'avocate. Selon elle, les éléments ne permettent pas d'établir la complicité des attentats mais simplement une association de malfaiteurs terroriste, ce qui ne lui vaudrait pas la perpétuité assortie de 30 ans de sûreté.
L’avocate va terminer cette plaidoirie brillante en contestant encore la complicité. Maître Margaux Durand-Poincloux insiste encore pour que la complicité ne soit pas retenue contre Osama Krayem. "La complicité par intégration d'un groupe, c'est la définition de l'association de malfaiteurs terroriste", dit-elle.
"Osama Krayem a vécu au cœur de la cellule ce qui caractérise une association de malfaiteurs terroriste et a participé aux attentats de Bruxelles mais il n'est pas démontré qu'il a apporté une aide matérielle pour la préparation des attentats de Paris", poursuit l'avocate.
"Vous savez que ce n'est pas parce qu'il y a beaucoup de monde et de journalistes que ce procès est différent des autres. Vous voulez la sécurité vous avez raison, vous voulez que cela ne se reproduise jamais, vous avez raison. Peut être que pour atteindre ce but, il faut frapper fort. Mais prenez garde parce que dans ce cas, vous ne frapperiez pas un innocent, vous frapperiez à côté", conclut Maître Margaux Durand-Poincloux. Suivront dans l’après-midi les plaidoiries flamboyantes de Maitre Saint Palais et de Maitre Kempf. Ils vont, eux, demander l’acquittement de Yassine Attar, le frère d’Oussama, le commanditaire des attentats du 13. On en reparlera.
Michel Zerbib
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.