Cela aura pris plus de trois ans, mais le Conseil des Droits de l'Homme a fini par publier sa "liste noire" des entreprises ayant des activités dans les localités israéliennes de Judée Samarie. Un document qui recense pas moins de 112 sociétés "engagées dans des activités particulières liées aux colonies israéliennes dans les territoires palestiniens occupés" selon les termes de la résolution du Conseil.
Le concept "d'activités particulières" évoqué par le Conseil des Droits de l'Homme, a une résonance assez désagréable. Dans sa résolution de 2016, le Conseil des droits de l'homme notait ainsi que certaines entreprises ont "permis et facilité, directement et indirectement, la création et l’extension de colonies israéliennes dans le territoire palestinien occupé et en ont tiré profit" et s'était dit "préoccupé par les activités économiques qui permettent l’extension et la consolidation des colonies". Ce que l'ambassadeur palestinien à Genève avait à l'époque qualifié de "complicité d'acte de guerre".
D'ailleurs, le projet originel allait beaucoup plus loin. Le Conseil des Droits de l'Homme avait en effet prévu d'appeler les Etats membres de l'Onu à cesser purement et simplement leurs importations en provenance de l'est de la ligne verte. Il s'est finalement contenté leur demander de rappeler à leurs entreprises que de telles importations étaient contraires au droit international.
Sur les 300 entreprises passées au crible, un peu plus d'un tiers a donc rempli les critères de cette "base de données". 94 sont israéliennes, les 18 autres sont étrangères, et non des moindres, puisqu'on y retrouve Alstom, Airbnb, Expedia, Booking.com, TripAdvisor, ou Motorola.
Cette "liste noire" du Conseil des Droits de l'Homme de l'ONU est évidemment du pain bénit pour le mouvement BDS - boycott, désinvestissement, sanctions - et les diverses organisations pro-palestiniennes qui font campagne auprès des acteurs économiques, sociaux ou culturels pour la délégitimation d'Israël.
Jusqu'à présent, les Etats restent prudents et sont réticents à valider des mesures de boycott économique. L'étiquetage européen des produits en provenance de Judée Samarie a été jugé comme un compromis supportable. La France, il faut d'ailleurs le rappeler, dispose d'une loi interdisant le boycott.
De l'aveu même de Michelle Bachelet, la Haut-Commissaire aux Droits de l'Homme, "la liste ne constitue pas et n'entend pas constituer un processus judiciaire ou quasi-judiciaire". On peut donc s'interroger sur sa finalité. Le sophisme "les colonies israéliennes sont illégales, donc ceux qui entretiennent avec elles des relations commerciales, sont dans l'illégalité" est assez transparent. En attirant l'attention sur les entreprises présentes ou liées aux implantations de Judée Samarie, dont les activités n'ont rien d'illégal, ne sont en infraction avec aucune disposition légale, aucune convention internationale, le Conseil des Droits de l'Homme de l'ONU fournit tout simplement aux organisations anti-israéliennes une sorte d'annuaire du boycott.
Pascale Zonszain
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