La sédentarité, dont l’étymologie est le mot latin « sedere = être assis » ne doit pas être confondue avec l’insuffisance ou l’inactivité physique. Elle correspond vraiment à du temps immobile, assis devant la TV, un livre, la presse, des mots fléchés, un écran, la conduite automobile. Elle fait l’objet de nombreuses études depuis 2010 et l’on s’aperçoit qu’elle ne cesse de gagner du terrain, partout dans le monde avec l’évolution des modes de vie, la mécanisation, l’émergence de l’informatique dans le quotidien : c’est ainsi que plus des 3/4 de la population passe plus de 8h par jour dans cette position excessivement statique. Elle est clairement nocive pour la santé, responsable d’après l’OMS de centaines de milliers d’années de vie en bonne santé perdues et de dizaines de milliers de décès par maladies cardio-vasculaires, métaboliques et même de cancers, d’autant qu’elle fait volontiers partie d’une mauvaise hygiène de vie (malbouffe, tabagisme) qui potentialise les risques.
Quand nous parlons d’activité physique, ce n’est pas seulement le sport de compétition en short ou en survêt mais également les tâches domestiques, les déplacements, les courses. Ses effets bénéfiques sont largement supérieurs aux risques traumatologiques (fracture, lésion musculaire, usure articulaire) qu’elle fait courir. Une pratique régulière améliore les fonctions cardio-vasculaires et respiratoires, prévient l’ostéoporose, limite les risques de maladie chronique physique et même mentale.
Pour un enfant, c’est 1h d’activité physique, d’intensité modérée à élevée chaque jour, par exemple pendant les récrés ou en extra-scolaire… tout en limitant autant que faire se peut le temps d’écran, nous l’avons dit et répété. Pour un adulte d’âge moyen, c’est 30 minutes d’activité physique d’endurance, d’intensité modérée à élevée, au moins 5 jours par semaine, accompagnée d’activités de renforcement musculaire 1 à 2 fois/semaine et d’exercices d’assouplissement, 2-3 fois. En parallèle, il est conseillé et même fortement recommandé de ne pas rester assis plus d’une heure sans se dégourdir les jambes au moins 5 minutes et pas uniquement en direction du frigo. Pour une personne plus âgée, la marche quotidienne associée à des activités d’équilibre sont conseillées 2-3 fois par semaine, voire plus, afin de réduire les risques de chutes, souvent graves ICI.
Ces recommandations ne seraient pas vraiment suivies, c’est un euphémisme. En 2015, la ½ des enfants, les trois-quarts des ados, la presque totalité des adultes étaient considérés comme sédentaires. L’épidémie et ses 3 confinements chez nous n’ont évidemment rien arrangé à ces chiffres et cette situation affligeante.
Les femmes sont moins actives et plus sédentaires que les hommes. Elles sont minoritaires dans les sports collectifs, sous-représentées en compétition, surreprésentées en danse et en gymnastique. Les enfants et ados élevés d’un ménage diplômé sont plus souvent actifs que les moins ou les peu diplômés. La sensibilisation et les messages, surtout à l’intention des plus jeunes et des dames, devraient donc tenir compte de ces considérations afin de proposer des recommandations adaptées et individualisées donc finalement écoutées.
« Ne pas bouger, c’est commencer à perdre » disait François Mitterrand dans « Lettre à une de ses sœurs ». Il avait en partie raison mais en partie seulement car bouger est essentiel non seulement pour ne pas perdre mais aussi et surtout pour gagner des années de vie, en bonne santé. La sédentarité constitue, nous le savons maintenant avec certitude, un facteur de risque majeur à combattre aussi énergiquement que l’alcool, le tabac, l’obésité. Alors si j’osais, je dirais : bon sang, bougez-vous les f…
Docteur Serge Rafal
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