Isham Assaïed et le chantage humanitaire du Hamas

International.

Isham Assaïed et le chantage humanitaire du Hamas
(Crédit : DR)

C'est une courte vidéo qui montre un jeune homme sur un lit d'hôpital, un masque à oxygène sur le visage. Sa carte d'identité posée près de sa tête doit confirmer son identité et une télévision dans un coin de la pièce diffuse des images d'un programme d'Al Jazeera, pour dater la vidéo. C'est le second message transmis en l'espace de 24 heures par le Hamas, qui affirme que la santé de l'otage s'est dégradée. Il s'agit d'Isham Assaïed, un jeune Bédouin israélien du Néguev, qui avait pénétré seul dans la Bande de Gaza, en avril 2015. Déjà par deux fois, le jeune homme, qui souffre de schizophrénie s'était rendu dans le territoire palestinien, mais avait été renvoyé sain et sauf vers Israël. Mais ce troisième passage a été celui de trop. Depuis sept ans, il est détenu par le Hamas, qui refusait jusqu'à ces derniers jours de fournir des informations sur sa condition.

Une tragédie similaire s'était produite quelques mois plus tôt. En septembre 2014, deux mois après la fin de l'opération Bordure Protectrice, la guerre qui avait opposé Israël au Hamas durant plus de six semaines, c'est Avera Mengistu, un jeune Israélien d'origine éthiopienne, souffrant lui aussi de troubles psychologiques, qui avait quitté Ashkelon et s'était aventuré à l'intérieur de la Bande de Gaza et dont on avait perdu la trace, mais dont on sait qu'il a été capturé par le Hamas.

Israël réclame depuis, la libération des deux civils captifs et aussi le retour des dépouilles des deux soldats de Tsahal, tombés durant l'opération Bordure Protectrice, le sergent Oron Shaul, tué le 20 juillet 2014 et le capitaine Hadar Goldin, tué le 1er août. Mais le Hamas refuse de les restituer, ni même de fournir des informations sans contrepartie. L'organisation islamiste palestinienne exige en échange la libération de détenus sécuritaires palestiniens, emprisonnés en Israël pour crimes de terrorisme, exactement comme elle avait monnayé la libération du soldat Gilad Shalit en 2011, après cinq ans de captivité,  relâché en échange de 1.027 détenus palestiniens. Le prix le plus fort qu'ait payé Israël pour la libération d'un seul soldat.

Le rachat des prisonniers qui est un des piliers de la tradition juive, l'est aussi pour l'Etat d'Israël, même si les conditions de la libération de Gilad Shalit avaient fait débat en Israël, au point que des directives avaient été élaborées pour éviter une surenchère et dissuader d'autres actes d'enlèvement terroriste. Après l'opération Gardien des Murailles de mai 2021, Israël avait transmis via la médiation égyptienne une proposition au Hamas de permettre la reconstruction des infrastructures de Gaza dans le cadre de la consolidation de la trêve, en échange de la libération de Assaïed et Mengistu et le retour des dépouilles des deux soldats. Mais ni cette proposition ni aucune des tentatives de médiation humanitaires menées depuis bientôt huit ans n'ont fait bouger le Hamas. Jusqu'à cette vidéo d'Isham Assaïed, diffusée mardi. Mais comme l'organisation terroriste ne fait rien gratuitement, ce premier signe de vie d'un des deux captifs israéliens, surtout si sa santé s'est effectivement dégradée, est un moyen supplémentaire pour le Hamas de faire pression sur le gouvernement israélien, sachant que personne en Israël  ne restera indifférent à ces images.

Pascale Zonszain

pzoom290622

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