Yaïr Lapid dans la lumière

Israël.

Yaïr Lapid dans la lumière
(Crédit : capture d'écran GPO)

Cette fois, c'est réel. Yaïr Lapid est Premier ministre de l'Etat d'Israël.  Le chef du parti Yesh Atid aurait pu entrer en fonctions il y a un an, s'il n'avait pas choisi de laisser le premier tour de garde à Naftali Bennett. On se demandera longtemps si le sort de la coalition aurait été différent si l'ordre de rotation à la tête du gouvernement avait été inverse. Mais la question restera probablement rhétorique. Yaïr Lapid prend les rênes du même attelage que son prédécesseur, mais dans un environnement nettement moins hostile. La menace de la dissolution de la Knesset s'est déjà concrétisée, son gouvernement ne peut plus être censuré par l'opposition et de nouvelles frondes ou défections n'ont plus de raison d'être. C'est donc plutôt un court fleuve tranquille qui s'ouvre devant le Premier ministre Lapid. Sauf que si le gouvernement de transition ne peut plus être jugé par le parlement, il le sera en revanche par le peuple. Dans quatre mois, quand les électeurs israéliens glisseront leur bulletin dans l'urne, ils donneront aussi leur avis sur la brève mission du leader centriste à la tête de l'exécutif. Aura-t-il su s'imposer et apparaitre crédible dans ce premier rôle, alors qu'il avait préféré jusque-là une stratégie de faire-valoir, laissant les autres prendre la lumière, comme Bennett à la tête du gouvernement, ou précédemment Benny Gantz à la tête de la liste politique Bleu Blanc ? Et Yaïr Lapid devra aussi parvenir à faire oublier les dysfonctionnements de la coalition qu'il n'a pas réussi, plus que Naftali Bennett à anticiper ni à résoudre.

Hier, dans les colonnes de Haaretz, Anshel Pfeffer égratignait gentiment son ancien confrère. Yaïr Lapid serait-il arrivé au sommet de son parcours de présentateur vedette, en devenant l'image de son pays ? Dans la première partie de sa carrière publique, celle d'écrivain, acteur puis homme de médias, Yaïr Lapid, doté de nombreux talents, a su capturer l'air du temps et renvoyer aux Israéliens une image d'eux-mêmes sans concession mais avec laquelle ils pouvaient vivre car il savait toujours y ajouter une note d'optimisme. Le journaliste qui leur parlait d'eux dans les tribunes des journaux, dans les talk-shows télévisés et même – brièvement – comme l'image de communication d'une grande banque, a développé avec les Israéliens une proximité particulière. "Il est un peu nous et un peu qui nous voudrions être" résume Anshel Pfeffer dans Haaretz. Est-ce qu'en accédant à la tête du gouvernement après moins d'une décennie en politique, Yair Lapid saura habiter sa nouvelle fonction ? La question se pose pour tous les élus, mais avec une résonance particulière pour le patron de Yesh Atid.

Il est vrai cela dit, que depuis un an au poste de ministre des Affaires étrangères, son deuxième ministère après celui des Finances sous le gouvernement Netanyahou de 2013, Yaïr Lapid n'a pas commis d'erreur. Il a même entrepris de rendre aux Affaires étrangères un peu des moyens dont ses fonctionnaires avaient été privés depuis une dizaine d'années. Et son statut de Premier ministre suppléant lui donnait déjà un droit de regard sur les dossiers stratégiques et de défense. Il s'agit maintenant pour Yaïr Lapid de convertir cette expérience en responsabilité. Désormais, c'est lui qui est en vedette. Mais aussi en première ligne.

Pascale Zonszain

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