Affaire Shirin Abu Aqleh : pas de preuve contre Israël

Israël.

Affaire Shirin Abu Aqleh : pas de preuve contre Israël
(Crédit : Wikimédia Commons)

Il aura fallu près de deux mois pour que l'Autorité Palestinienne accepte finalement de remettre la balle qui avait tué Shireen Abu Akleh, la correspondante d'Al Jazeera le 11 mai dernier alors qu'elle couvrait une opération antiterroriste de Tsahal à Djénine. Jusqu'au bout, cette affaire aura été compliquée. Et frustrante. La journaliste palestinienne détenait un passeport américain, ce qui avait permis aux Etats-Unis d'intervenir et de réclamer une enquête et l'accès aux pièces du dossier. Samedi, la balle a donc été remise à des officiers américains, qui l'ont à leur tour transmise à Israël. Le projectile a été examiné hier à Jérusalem, dans le laboratoire de la police scientifique israélienne, en présence d'un officier et d'un expert en balistique américains. Le communiqué officiel publié lundi soir par le Département d'Etat indiquait qu'il était impossible d'établir avec certitude qui avait tiré la balle qui a tué Shireen Abu Akleh et que rien ne permet de penser que le tir ait pu être délibéré. L'officier américain chargé de la coordination entre Israël et l'Autorité Palestinienne et qui a examiné le projectile l'a trouvé en trop mauvais état pour en déterminer la provenance, mais estimé que sur la base des enquêtes menées par les Palestiniens et par Israël, la probabilité était que la balle avait été tirée par un soldat israélien, mais que celui-ci n'avait pas visé intentionnellement la journaliste et qu'il s'agissait d'un tragique concours de circonstances, selon les termes du communiqué de l'ambassade des Etats-Unis à Jérusalem.

Ces conclusions sont compatibles avec les hypothèses émises par Tsahal après l'enquête interne diligentée aussitôt après  la mort de la journaliste et qui considérait comme possible un tir israélien qui aurait touché accidentellement Shireen Abu Akleh, que les soldats ne pouvaient pas voir au moment où elle a été atteinte. Le chef d'état-major de Tsahal a toutefois confirmé la poursuite de l'enquête engagée par l'armée israélienne dans le respect de la transparence et pour la manifestation de la vérité. "La mort de Shireen Abu Akleh incombe d'abord aux terroristes palestiniens qui opèrent au milieu de populations civiles" a affirmé pour sa part le ministre israélien de la Défense Benny Gantz, qui a précisé que la balle ne permettait pas même pas d'établir avec certitude qu'il s'agissait bien de celle qui avait tué la journaliste. 

Côté palestinien, sans surprise, on continue d'accuser Israël. Mahmoud Abbas rejette les conclusions américaines, réaffirme qu'Israël est responsable et promet de poursuivre la procédure et de saisir le Tribunal Pénal International. On voit mal cela dit, comment d'autres éléments permettraient de parvenir à une conclusion absolue, quand ni l'autopsie de la victime, ni l'étude de la balle n'ont donné de résultat probant. Reste que du point de vue israélien, il était important d'accéder au projectile et surtout de convaincre les Etats-Unis qu'il n'était pas question de se défausser. Si l'administration américaine va continuer à suivre les investigations menées par les deux camps, il est au moins clair qu'Israël ne pourra être accusé ni d'obstruction ni de dissimulation de preuve. Ce qui est important pour les relations entre Jérusalem et Washington, mais aussi pour les suites judiciaires internationales de l'affaire.

Pascale Zonszain

pzoom050722

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